samedi 3 mars 2007

2 cartes postales

Sur la carte de Tunisie, la voie ferrée s'arrête à Gabès, il y a aussi des palmeraies dessinées...
La palmeraie, c'est un peu comme sur les cartes postales, une forêt de palmiers filtre le soleil sur des parcelles d'arbres fruitiers, le tout irrigué par un savant réseau de rigoles.
A Chénini, c'est plutôt la "post"-carte.
Les dizaines de sources sont taries, l'eau est maintenant pompée et rationnée (1 jour par mois!). Du coup, ils sont passés du bananier, au grenadier, au fourrage... Même les dattes ne sont plus fécondées et récoltées, la faute aux tartines beurrées du matin il paraît, et la deglet nour d'Algérie, qui est quand même la meilleure, ne pousse pas ici en bord de mer. En regardant en l'air (l'autre oeil vers le bas pour ne pas écraser les précieuses plantes à henné), on voit aussi des tristes palmiers qu'on a étété et puis taillé le coeur en pointe. Des gars plutôt discrets récupèrent le jus dans de gros bidons, c'est le legmi, un genre de sirop avec un goût qui rappelle la noix de coco. Il faut le boire frais, mais en fait s'il est interdit de le laisser fermenter (il paraît que ça fait tourner la tête) c'est surtout pour limiter ces "saignées" qui peuvent tuer la plante.
A Gabès, une autre distraction locale "discrète", c'est le bordel.
En rentrant avec 3 jeunes de 15 à 18 ans pour chercher l'hotel le moins cher du coin, comme ils semblaient pas trop compter sur leur parents pour le déjeuner, je leur propose de m'accompagner, et après, spontanément, ils me sortent "ça va, ça fera 45 dinars pour les 4 au bordel...". Les maisons closes sont tolérées dans plusieurs villes de Tunisie mais apparement on ferme aussi les yeux sur l'âge du client! (ils ont déjà tous pratiqué, au "sacrifice" de quelques matériels scolaire).
Sur la carte de Tunisie, il y a aussi les îles de Kerkennah, et à mes oreilles ça évoque surtout le jazz de Pascal qui manque un peu de ce coté de la mer (et je crains que la définition de Soumia soit plutôt répandue : "le jazz? c'est la musique des cowboys, non?").
Un curieux hasard m'a mis sur le même bac que ce japonais de l'auberge de Tunis qui passait ses journées à peindre la médina à l'aquarelle. Shigéo est un bouddhiste, plutôt zen, il part avec ses 3 mots de français, sa sacoche photo de 8kg et sa brosse à dent à la découverte du pays. Et dans sa tête il doit y avoir la carte de l'extrème orient au maghreb et il est en train de cocher tous les pays... C'est peut-être ça aussi qui l'a décidé, à 45 ans, à arréter son travail d'architecte, écoeuré par les grattes-ciel et la croissance japonaise.
Et Kerkennah c'est bien aux antipodes de Tokyo : 2 plate-bandes couvertes de palmiers sauvages où les pécheurs, entre le café et le terrain de pétanque, t'invitent à les accompagner sur leur petite barque. Même la technique est sympathique : ils plantent des feuilles de palmier dans la mer pour guider le poisson vers les nasses prisonnières... Bon, là encore ça fait carte postale et pour trouver le paradis annoncé, il vaut mieux revenir cet été : à 7h du matin, avec le vent qu'il y a, le repos je le préfère quand même dans mon lit...

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