Bejaia, charmante ville Kabyle en bord de mer, possède une particularité intra muros unique en Algérie ; à savoir des cités universitaires mixtes. Ce fut pour nous l’occasion de créer des liens « particuliers » avec des étudiantes algériennes.
Lors d’un spectacle pendant lequel quelques musiciens égrainaient sur leurs luths les mélodies de Lounes Mathoub. Combattant emblématique et martyre de la région. J’ai rencontré Nassima, étudiante en droit, surprenante par son intégrité, son courage et son charme.
Nassima est hijabiste, l’on dirait chez nous « qu’elle porte le voile ». Ce choix est une volonté personnelle, malgré sa foi elle ne se soumet pas à la loi coranique. Elle porte le Hijab par respect à la tradition des femmes de son village. Je rajouterais que ce foulard laisse suggérer toute une beauté cachée que l’on aimerait dévoiler.
Durant nos discutions, j’ai appris beaucoup sur le mode de vie de la femme algérienne. Nassima rêve de liberté, ce mot reprend son sens véritable lorsqu’elle le prononce. En cela, il faut comprendre, réussir ses études puis trouver un travail afin de mener une vie simple. Malheureusement, l’Algérie n’a pas de travail pour tous ses enfants. Le chômage serait pour Nassima comme beaucoup d’autres jeunes femmes du pays, l’obligation de regagner le foyer familial, pour y retrouver dans son cas les travaux domestiques et agricoles. Difficile à accepter ce sort pour une jeune femme qui a passé plusieurs années à l’université pour y étudier le droit tout en ayant appréciée les possibilités qu’offre une grande ville.
Si la cité mixte est un pas en avant, vers une ouverture d’esprit dans un pays ou le livre saint est porteur des idées morales. Paradoxalement, pour une jeune femme cette mixité peut devenir un poids voir un fardeau. Sortir en publique en présence d’un homme demande un effort que l’on aurait de la peine à concevoir, tant le regard de l’autre est insupportable pour une femme non mariée. Pour cette raison, les jeunes couples se retrouvent dans les allées obscures de la cité universitaire. Seul lieu, ou la discrétion n’en est pas une, car la sécurité arpente ces ruelles, dans le cas ou ces flirts abuseraient de leur nouvelle liberté.
Le dernier soir, proposant à Nassima de boire un verre dans le van. Un jeune homme à nos cotés s’interpose à cette proposition, m’expliquant qu’une femme ne peut sortir en présence d’un inconnu. Navrés, nous nous séparons ne pouvant nous dire adieu comme nous l’aurions souhaités. Par un petit signe de la main, nous achevons cette relation tendre et amicale. Nassima, comme toutes les autres filles de la cité devra regagner sa chambre avant minuit, réduit qu’elle partage avec quatre autres filles. Heure à laquelle, les gardiens (soucieux de la sécurité de ces jeunes femmes), passeront pour enchaîner leurs portes d’entrées.
Christophe
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire