samedi 10 février 2007

Farouk

Tunis, 10.02.2007

Notre route continue, laissant derrière nous, l’immensité et le calme des montagnes. Depuis notre départ nous avançons à saut de puce de contact en contact, ceux-ci créant un lien avec de nouvelles villes.

C’est à Tizi-Ouzou Capital de la Kabylie (grande) que nous tirons le frein à main dAlbert notre vieux van. Saïd notre dernier contact nous a proposé de nous garer au pied de son immeuble. En tant qu’éducateur, il m’a été donné de découvrir par le passé quelques cités françaises bien délabrées ou le désordre et le chaos sont présents à chaque coin de barres. C’est la vision que nous découvrirons le lendemain matin. Le soir de notre arrivée, une poignée de jeunes sortent des halls d’immeubles pour se rassembler autour de notre véhicule. Cette démarche n’est que curiosité non agressive. Saïd notre bienfaiteur est respecté dans le quartier. Rapidement le dialogue s’installe, celui-ci est agréable : « D’où venez vous ? Comment vous trouvez l’Algérie… ». Questions habituelles que nous entendons depuis notre séjour dans ce pays. Leur dialecte me fait pensé à celle que pratique la jeunesse de tous les quartiers pauvres déjà visités. Je vois sortir de l’obscurité un type de taille massive à demi cagoulé. Farouk, un homme de 33 ans qui m’adresse directement la parole. La communication passe bien nous avons un point commun, une certaine connaissance de la Suisse. Cependant à son expression et son regard qui en impose, je devine que cette personne a vécu des évènements peu singuliers dans le passé. Il nous apprendra qu’il a été terroriste, vivant dans le maquis durant 3 années, perdant beaucoup d’amis. Difficile de lui poser des questions trop précises, le macabre ne m’intéresse pas et son passé de guerrier d’Allah m’impressionne fortement. Il nous explique, que pour lui tout cela est du passé, qu’il a bénéficié de la grâce présidentiel résultant du référendum sur l’amnistie des terroristes. Le lendemain nous reverrons Farouk, son discours sera moins agréable et pesant. Il tentera durant ¾ d’heure, de nous convaincre que l’islam est le seul salut pour tout individu souhaitant atteindre la vie éternelle. Je clos le dialogue (monologue) en tentant de lui expliquer que ma position d’agnostique ne peut me permettre de juger.

On peut s’interroger sur les bienfaits de cette amnistie. Combien de personnes comme Farouk rodent dans la nature sans suivi psychologique ? Est-ce qu’une vie aussi longue soit elle puisse t-elle permettre d’oublier les pires atrocités commises. Malgré la promesse d’une bonne place au paradis.

Philippe, Guillaume, Christophe.




Les réveils sur le front de mer (Béjaïa)


Nadjim (Béjaïa)


Le port de Stora

1 commentaire:

Taous a dit…

Salut...
C'est génial de nous faire partager vos pérégrinations!
Et, bravo, que de rencontres, et variées...Vous m'impressionnez, car, il y a certaines personnes que je n'aurai jamais même pas cauchemardé à rencontrer! Désolée, mais c'est à cause d'eux que ma petite famille a du se "rapatrier" en France, et que ce déménagement forcé a laissé des traces en chacun de nous cinq...
Je sais pourtant que nous sommes parmi ceux qui ont le moins souffert du terrorisme puisque l'on a pu partir en 94, en pleine période chaude!
Mais bon, allez, vive les rencontres et l'ouverture d'esprit, j'ai toujours espoir en l'homme et me dit qu'une rencontre peut tout changer...

Bonne continuation