lundi 29 janvier 2007

bismillah ... mesdames!

Dans la première couscoussière, elle cuit la semoule, roulée à la main, c'est bien meilleur. Dans la deuxième, les légumes, aujourd'hui fèves et petits poids. Pas trop épicé, ici on préfère les herbes, surtout le coriandre! Pas trop de viande non plus, elle est chère, alors plutôt réservée pour l'Aïd et autres occasions... Mais attention! personne ne meurt de faim, un prix minimal pour les aliments de base (pain, huile, lait, semoule...) est fixé par l'état et il y a toujours quelqu'un pour aider en cas de besoin.
Autour de la table, Lilla nous fait saliver en pelant et pilant les poivrons grillées pour la salade kabyle, on la mangera avec les kesra que Nadia façonne. Ces galettes de semoule avec un peu d'huile - est-ce la cuisson dans la tagine? - c'est par gourmandise qu'on les boulotte en écoutant les femmes...
Et on comprend l'importance de la cuisine pour elles qui passent si discrètement dans la rue. C'est là qu'elles se transmettent les traditions, même si elles sont un peu dépassées, voire cumulées dans le cas de nos hotes kabyles. Et c'est un peu pour nous aussi qu'elles font tous ces plats traditionnels, au quotidien la pomme de terre a souvent détronnée la semoule, et la béchamelle ou le gratin ne sont pas des babarismes ici. Il y a bien longtemps aussi que nos viennoiseries et patisseries d'occidentaux se vendent à coté des patisseries orientales, les deux sont plus ou moins importées mais toujours adorées!

dimanche 28 janvier 2007

Le Djurdjura

Tizi-Ouzou, le 28.01.2007

Notre 2e Hammam fut l’occasion d’une petite sueur froide. L’instant de quelques secondes, j’ai bien eu peur de payer pour les crimes coloniaux français. Les 125kg du masseur s’approchaient de moi avec un grand sourire et, juste à coté, son collègue sautillait gentiment sur le dos de mon voisin. Je commençais presque à me faire une raison. Tout s’est bien passé, et curieusement, il y a peu de rancune pour les années de guerre avec la France. (1954-1962) Les souvenirs sont encore très vifs, toutefois. Ici, une grand-mère avec des morsures de chien sur le bras (ou les stigmates de 14 jours passés en taule, simple interrogatoire au sujet de ses frères maquisards). Ou bien là, un village où il ne reste aucun édifice d’avant guerre (les français ayant pilonné le village au mortier) Ou encore, un village évacué en 2 heures, les habitants partant vivre dans les grottes toutes proches. (hier matin, il faisait 6°C dans le van, nul doute que l’hiver Kabyle a du laisser un bon souvenir à ces villageois) Ou enfin, le mode d’administration et ses relents d’apartheid.
Tous ces témoignages égrènent nos rencontres, sans rancune, avec toutefois un soupir quand vient la question de la reconnaissance. (ou plutôt de la non-reconnaissance de la France) Un soupir que vient attiser un texte sur les « bienfaits de la colonisation ». Cette loi passe pour une provocation de la part de Villepin et ses copains. Officiellement, en Algérie, la guerre a fait 1,5 millions de morts Algériens. Même si le régime du FLN a surestimé trois fois ce nombre, 500 000 morts ça reste un chiffre énorme, surtout pour un pays de 9 millions d’habitants. Hélas, je n'ai (à l'instant) aucun moyen de le vérifier. Pourquoi ce nombre est-il si facilement oublié de nos livres d’histoire ?

Nous voilà donc en Kabylie. Les habitants sont Algériens, mais avant tout Kabyles. Ils parlent donc le berbère, excellente excuse pour immobiliser nos progrès en arabe… Les Berbères étaient là depuis longtemps, puis sont venus les Mauritaniens, les Phéniciens, les Romains, Les Vandales, les Turcs, les Arabes, les Espagnols, les Français. Berbères et Arabes cohabitent maintenant dans le pays, mais les différences restent marquées, et les revendications nombreuses.

La Kabylie, c’est avant tout un pays de montagnes. Le Djurdjura est comme une épine dorsale où Mohamed et Aïssa nous emmènent faire un tour. Les quinquagénaires ont la forme, ici : 1900m de dénivelé et 10h de marche… Certains ne boivent que du vin et du café, décidemment il faudra repenser nos idées préconçues. D’ailleurs, ils avaient encore pleins de bonnes idées : aller voir un lac à 20kms, dormir sous un rocher, descendre dans une grotte etc … Courageusement, on s’est échappé et nous voilà de retour en ville, à Tizi-Ouzou.
A bientôt
Christophe, Philippe et Guillaume.
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Toute la petite troupe...
A la montée
Au sommet de la "main du juif"

Sur la route...

La descente vers Timarasse

Retour à Tipassa

Nous somme repassés à Tipaza, cette fois-ci à trois, et voici les premières photos…

Tout d’abord, il y a une stèle en hommage à A.Camus : « Je comprends ici ce qu’on appelle gloire : le droit d’aimer sans mesure ».
Ok, c’est du Camus tout craché, mais peut-être la photo suivante vous donnera-t-elle une idée de l’endroit ? C’est la plage du Matares, avec au fond le Chenoua, une montagne chère à Camus. Le Chenoua c’est aussi (au sens propre) le terrain de chasse de Mohamed-Ali, le postier de Tipassa, et surtout un personnage atypique qui nous aura bien fait rire. Que chasse-t-il ? Le sanglier (si !), et puis aussi bien d’autres choses…
Après tout, c’est surtout les rencontres qui font ce voyage, peut-être pourrions-nous mettre une photo de chaque nouvelle tête ? Il y en a beaucoup, il faudrait un site web, avec une page spéciale...



Pas loin de Tipaza, il y a aussi d’autres ruines : « le tombeau de la chrétienne ». Ok, à première vue ce n’est qu’un gros tas de pierres, mais quand même, il y a un joli mystère autour. Qui a empilé tout ça ? Quand ? Qui est à l’intérieur ? Les turques, sans doute armés d’un main d’œuvre pas chères, on commencé à ôter le dessus, histoire de trouver le trésor. Peine perdue, ils ont abandonné après quelques milliers de tonnes, et il reste encore de visible les colonnes ioniques sur le coté. A peine plus respectueux, Christophe et moi commençons à les grimper, jusqu’à la question de Philippe : « Est-ce bien patrimoine de l’Unesco ?... »
L’ironie de cet empilement, c’est que même les techniques du 21e s restent bien vaines pour en percer le secret. Les méthodes les plus simples sont parfois les meilleures…

mardi 23 janvier 2007

5 jours chez les Guiz

Bonjour à tous, Ce message un peu longuet, c'est d'abord un petit coup de gueule, puis un grand merci à la famille Guiz avec qui nous avons passé 5 jours. Au fil des rencontres, nous nous sommes rendus compte d'une chose: les Algériens ont des liens très forts avec la France. Beaucoup y ont passé quelques années de leur vie, y sont allé rendre visite à des amis, à la famille... Du moins, ça c'est le passé. Aujourd'hui, que d'obstacles pour eux ! Camel est un bon exemple: de nombreuses années passées en France, 2 fils en France, un visa bien difficile à obtenir. Dans des élans humanistes, le consulat de France à Alger ressemble à un bunker. Les conditions d'attribution du visa "tourisme" sont opaques. Les 60 euros de frais sont prélevés quoiqu'il arrive (refus, ou acceptation de la demande). Mais attention, pour 60 euros, pas question de tenir au courrant le clampin algérien. Si le visa lui est refusé, il attendra, puis finira par se résoudre... Nul doute que, pour le consul de France, les fins de mois ne sont guère difficiles. Mais peut-être ignore-t-il que 60 euros, pour un algérien, c'est un peu comme 600 euros pour un français. (la moitié d'un SMIG) Ou plutôt non, il ne l'ignore pas. Magnanime, il a augmenté le prix de 80% ce 1er janvier ! Bien sûr, tous les algériens ne peuvent pas débarquer, bien sûr la France n'est pas infiniment riche, il faut bien contrôler les frontières. Mais quand même ! Est-ce une atteinte aux valeurs républicaines que de respecter un peu la dignité de ces Algériens ?
Mais au fait, où étions nous depuis notre passage à Tipaza ? Tout d'abord, Christophe est arrivé à Alger et nous sommes de nouveau trois. Ensuite, grâce à Taous, nous nous somme arrêté à Rouiba. La famille Guiz nous a pris en charge de A à Z, alimentant nos réflexions sur l'Algérie.
Ici, le mot hospitalité prend tout son sens... La plupart des Algériens sont attentionnés avec nous, nous repartons plus souvent les mains pleines que vides, parfois il faut insister pour payer la note au resto !

A bientôt

Christophe, Philippe et Guillaume


mercredi 17 janvier 2007

H'rira à Tipassa

Salut

Ça y est, nous voilà à Tipasa. Mais que s’est-il passé ces 6 derniers jours ?

On est resté à Oran, et dès le début ça a bien commencé.
« Soyez les bienvenus », est-ce le message que nous attendions du douanier à l'entrée ? Les choses fonctionnent-elles un peu différemment ici ? Ce week-end, les douanes d’Oran organisent une journée « porte ouverte », peut-être est-ce un indice... Et pourtant, bien d'autres accueils sympathiques ont écartés nos doutes. Même la première demande de bakchich s’est finie dans un éclat de rire, sans histoire d'argent.
Pour les bakchich, c’est Abdelkader qui connait tous les prix. Outre nous inviter à notre premier Hammam, une de ses activités c’est le « business ». (le commerce au black) La frontière avec le Maroc est toute proche, et certaines marchandises y sont moins chères. Ah, oui, il faut le rappeler, la frontière est officiellement fermée…

Le seul souci ici c’est de trouver un endroit sûr pour dormir la nuit (avec le van). On a atterri sur un joli belvédère, avec pour voisins des vigiles autant armés que sympathiques. Certains se sont transformés en guides, d’autres en professeurs d’arabes.
Pour l’apprentissage de l’arabe, les surprises continuent. (voir 2 messages plus bas). Parfois, c’est un peu comme Tétris, au lieu d’aligner de droite à gauche les lettres, tu peux en empiler quelques unes si ça t’arranges. Qui a dit facile ?

Les 7h de route aujourd’hui donnaient un peu l’impression de changer de pays, juste l’instant d’un trajet. Ici, il y a comme une nonchalance dans l’air, les choses vont plus doucement, beaucoup de gens traînent dans les rues le soir. Sur la route, par contre, pas question de perdre une seconde. On est loin des discussions sur l’amour, le respect, le Coran (des thèmes pourtant récurrents !).

Tipasa, c’est surtout Camus qui nous a donné envie d’y passer (dans « Noces »).
On attend demain avec impatience !

Philippe et Guillaume



ps : en lisant El Watan, on est tombé sur deux articles intéressants, pour ceux qui ont le temps… http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=58722
http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=57873
ps: les ruines romaines de Tipaza

un mécréant en algérie

L'algérien est généralement très croyant. Les sujets de conversation du croyant sont généralement l'islam. D'ailleurs l'islam recommande au croyant de glorifier Dieu. Après tout, quand les croyants parlent d'islam, c'est généralement pour évoquer le respect. Le croyant est généralement généreux, il traitera l'étranger mieux que lui-même, y compris si le croyant est restaurateur de métier. Et il accueillera l'étranger mieux que ses homologues, même si le croyant est douanier de métier. En plus d'être bon, le prophète est beau et aime la beauté. Ainsi, le croyant est généralement propre et droit puisque son Dieu le regarde. Et finallement le but du croyant est de mériter le paradis. Pour cela son Dieu aidera le croyant, il l'excusera si celui-ci ne peut pas respecter tous les préceptes. Il n'y a pas de repentance puisque le croyant sait que son Dieu le comprendra.
Mais finallement, jusqu'où peuvent aller les écarts?
Puisque la première recommendation du croyant est de se méfier des algériens...

lundi 15 janvier 2007

Makrout et calligraphie

Oran, 15.01.07

salut à tous,

La bonne nouvelle c'est que nos progrès en arabe sont maintenant fulgurant.
Cette langue est merveilleuse. Tenez, par exemple, il n'y pas de voyelles (du moins elle ne sont pas écrites) Essayez de relire la phrase précédente comme ça: "Tns l n' ps d vlls", facile non ?!?
Tout a l'heure il m'a fallu moins de 30 sec pour me rendre compte que je tenais un papier à l'envers, on peut réellement parler de progrès.
Après 3 jours sur l'alphabet, ce soir on attaque la prononciation...

a+

philippe et guillaume

samedi 13 janvier 2007

Turron et bobsleigh

Alicante, 08-01-2007

Les faits commencent le 14 décembre. Par une belle journée d'hiver, Guillaume, Thibault, l'ami cuisto-grimpeur, et Philippe, prennent la route direction l'Andalousie, première étape où serrer le frein à main de leur maison. Derrière, ils laissent leurs amis, les beaux plans d'aménagement du camion, les formalités douanières et autres accessoires comme le chargeur du numérique...

Petite halte chez Max, le photographe libertaire ardéchois, puis le pépé et les amis barcelonnais de Guillaume. Suivent 14h de route pour voir enfin l'Andalousie. Après le Camino del Rei, et quelques étoiles rajoutées sur le topo d'escalade d'El Chorro (merci à Coralie et Hugo), on raccompagne Thibault à l'aéroport de Malaga pour les fêtes de Noël.

Ensuite, direction le cyber pour réserver le bateau pour le Maroc. Et là, le bras de mer qui nous sépare de l'Afrique s'érige en muraille d'eau : 350€ l'aller/retour pour le Maroc et 750 pour aller en Algérie - puisque la frontière entre les 2 est indéfiniment fermée (à l'origine pour appropriation du Sahara occidental, ensuite certaines substances illicites et tout le monde se fache...) Peut-on éthiquement acheter cette liberté? Bref, plus de 1000€ pour 3 ferrys alors que nous on voyage en van, c'est trop!

Symboliquement, on descend à Tarifa, tout au sud de l'Espagne, un pied coté mer, l'autre, coté océan... Et pour la comptabilité, on passera à Gibraltar, une frontière de plus, et la vue sur le Maroc. Mais à ce prix, interdiction de toucher...

Retour à El Chorro. Grimper torse nu et trinquer avec les italiens, les allemandes et les espagnols comme lot de consolation, c'est quand même pas si mal! Feliz año nuevo et retour à Alicante pour le ferry vers Oran. Le brave Albert nous lache la courroie d'alternateur et son extenseur, "la" pièce introuvable dans les casses andalouses ; mais on reste sereins : nous, on a la batterie qui marche au soleil... interdiction d'actionner le démareur quand même. Alors on respecte les traditions locales, samedi on s'est mangé à 2 le roscon (galette à la crême d'1kg de chez Lidl) et 2 paquets de turron, pour les amandes...

Maintenant on attend mardi, espérant récupérer nos visas algériens. Pour l'octroi, le consul a apparement accépté nos fax de réservations au Sheraton! (et les formalités pour les français vers l'Algérie sont pourtant bien plus simples que l'inverse).Alors soyons utopistes, demandons le possible...

Bises à toutes et tous pour la nouvelle année

Philipe et Guillaume

Petit guide de l'utilisateur ?

Oran, 13-01-2007

Bienvenue à toutes et à tous,

Alors Zeitoune, c'est quoi ce nom de blog ?
Bon, rien à voir avec Zidane, même si il y a quand même quelque chose de rond dans l'histoire.

Quand on a essayé de mettre des limites à ce voyage, on s'est dis que les limites de la mediterranée c'est un peu les oliviers. Alors Zeitoune, c'est l'olive en Arabe, زينر ن quoi.... (en esperant que vous avez les polices arabes sur votre ordi)

On vient juste de mettre nos premières lignes en ligne, alors soyez indulgents.
Pour les photos, il y a encore quelques problemes techniques à regler, mais ça devrait venir aussi.

Enfin, pour les titres, on essayera de mettre chaque fois un mot local (un rythme à peine moins soutenu que nos progrès en arabe ?...), et un autre clin d'oeil sur notre vie ici.

Bonne lecture !

Philippe et Guillaume