mercredi 15 août 2007

the end...

Voila, c'est quasi termine, pour la route... (j'espere qu'il y aura quelque suite a ce voyage). je pars demain de Turin, donc l'arrivee a Grenoble est prevue pour samedi matin (avec la pluie je craind).
Pour la suite, je pense passer quelques jours entre Grenoble, l'Ardeche et le Diois pour les opportunites de travail (mamamia! que ce mot me fait mal...) et peut-etre un dernier festival d'ete?
Je monterai en septembre sur Paris pour 2 ou 3 semaines je pense.
J'essaierai aussi de developper ma quinzaine de pellicules, en esperant une petite expo a l'occasion...
Je vous remercie de votre soutien, votre participation ou simplement votre curiosite a la lecture. Et vous dis, la gorge serree, a bientot...

mercredi 8 août 2007

chi va piano...

Ici les maisons sont faites de pierres et de briques sombres, dans cette region valonnee et de terres arides, l'homme a dessinne des superbes paysages de cypres et de vigne. Ici c'est le pays du chianti, du pecorino et de la truffe. Ici les gens sont propres et courtois. Je viens d'arriver a Sienne en Toscanne et les jours passes semblent deja si loins...
Petit retour en arriere quand meme puisque chaque region a son interet et son caractere. La derniere pause, c'etait Rome. Etonnante capitale qui s'etale, en gardant une dimension humaine. Le centre avec ses ruines antiques et son epoque baroque se decouvre a pied. Par contre pour connaitre la Rome moderne, ma seule reference c'est Davide qui m'a heberge, nourri, coiffe, etc. pendant ces quelques jours. Et c'est un peu le stereotype qu'on a de l'italien : beau gosse dynamique et souriant, qui n'aime pas etre seul mais qui adore les bons restos, et tout ce qui est a la mode technologique ou vestimentaire... Je l'ai rencontre dans le sud grace a Mathias et Biba, des sud americains rencontres en Jordanie! Entre ces deux etapes, il y avait Napples, mais la j'ai du rater quelque chose. Napples est enorme...mement sale! Les vieux quartiers sont interessants au niveau urbanisme mais je n'y ai senti ni chaleur humaine ni dynamisme culturel. En venant j'esperait au moins y voir les collages poignants de Pignon Ernest, je ne les ai pas trouves... a Pompei, j'esperait entendre un peu le gong magique de Roger Waters, j'ai aussi passe mon chemin... Je dirais meme que j'ai fuis cette region! La plus longue etape c'etait Puglia, le talon de l'Italie. La, c'est le rythme de la journee qui m'a trouble. C'est piano le matin, molto lento de midi a six et andante le soir. Et moi qui vit au rythme du soleil... mais la tout se vit la nuit : des festivals gratuits avec du bon jazz comme Paolo Fresu, la pizzica, danse traditionnelle qui reunit toutes les generations, et les sagras : pane, pomodoro, birra, bruschetta, patata ou emigrante... y en aura pour tout le monde... pour le decor c'est pas mal non plus : villages aux murs blanchis a la chaux (ca donne parfois une ambiance macabre le soir, quand les petits vieux s'assoient silencieusement devant leur maison), et dans la "campagne", des masserias (proprietes agricoles) et trullis (des constructions coniques en pierre d'une autre epoque).
Voila, chi va piano va sano, j'ai en meme temps l'impression de galopper, alors j'espere pour lontano... ciao!

samedi 30 juin 2007

La Grece et Epicure

Nous voila en Grece, berceau des Dieux, leur Olympe et leurs jeux... des philosophes de l'ethique et la vie en societe...
C'est donc des petits plaisirs "epicuriens" que retrouve sur la route de Drama. Comme par exemple en croisant ces gorets qui jouent dans la boue (ca marque la fin des pays musulmans, mais il y a aussi, je crois, quelques pourceaux qui ont traverse l'histoire de la philosophie...). Quel bonheur aussi ce premier bain de mer apres une nuit constellee de moustiques. Ou encore, refaire le monde jusqu'a point d'heure assis sur un tapis, un verre de biere a la main. Et ce sourire intemporel, toute la matinee assis a la terrasse d'un cafe, ou on vient t'apporter une excellente confiture de cerise en guise d'aperitif...

Certains ont vu dans l'hedonisme d'Epicure des justifications a l'anarchisme libertaire...
De coup de fils en aiguillages me voila justement, a Thessalonique, dans le squat d'Yfanet ou arrive, aussi a velo, George l'anarchiste qui a decide de faire partie des 85% "d'improductifs" de notre Societe. Et puis comme les jugements sont souvent faits sur l'apparence, George, la quarantaine, avec sa bonne tete d'Einstein du sud va simplement chercher l'argent ou il est : chez les commercants, plutot aises, a qui il raconte sa vie libre et itinerante. Son auditeur, bien sur aimerait cette vie de boheme, mais ne peut se permettre avec sa famille et son travail. Par contre, il peut l'aider de quelques euros a poursuivre cet ideal libertaire... Par decence, je tairai ses "revenus" mais evidement George n'a pas besoin de "travailler" trop souvent... Tout le monde ne comprend pas le drapeau noir accroche a son velo, mais lui peut vivre avec ses convictions dans cette societe (son anarchisme n'est forcement pas trop militant, ca ne marcherai plus).
La philosophie optimiste d'Epicure a dit que le plaisir est facile a obtenir et la douleur facile a supporter. alors je repprends la route vers les Meteores.

un mot pour la fin... du binome

Depuis Avanos, en Cappadoce, Jeanne a pris d'autres chemins, vers la Bulgarie, mais reste toujours bien accompagnee... je vous laisse sa vision feminine de ce voyage. Elle est un peu bavarde, mais c'est interessant, a bientot Jeanne et merci!

"Et c est avec ma chloe de cousine que j ai commence fort en Jordanie, remettant petit a petit mes muscles au travail et mes cordes vocales en chanson. Travail debute avec La cecile Roussette quelques semaines au precedant.
Nous avons appreciees et profitees de l hospitalite des jordaniens nous offrant chocolat, cafe, repas, escortes policieres dans les endroits les plus improbables de la terre, discussions germaniques, (parce qu au coeur d un camp de refugies, vous trouvez un homme qui parle l allemand mieux que vous et tient a vous racontez sa vie) et de toutes autres choses de bon gout. Bien que les gens soient bons et beaux, nous avons eu des episodes plus gris, les males ont parfois des frustrations qu ils ont du mal a contenir. Chloe a la gifle rapide, seche, efficace pour parer ce genre de probleme. Rien de grave, je vous assure.
Apparement, meme en voyageant en binome mixte, ce genre de derapage arrive, etant donne qu il m en ait arrve d autres par la suite alors que mon compagnon Philippe etait la.
Ca permet de travailler la reaction et le reflexe.
Etre une fille a velo , est en soi une forme de militantisme ou de feminisme , dans les pays tels que la Palestine, la Jordanie, la Syrie. Vous n en verez pas, autre que des occidentales, pour des raisons traditionnelles, non dites : cela pourrait faire perdre la virginite ou nuire a l enfantement. C est une position un peu osee aussi.
En syrie pourtant, les velos sont nombreux. Les motos et mobylettes aussi, portant 2, 3, 4 personnes s il le faut, des femmes assises en amazone uniquement.
La Jordanie, c etait aussi des portraits du roi Abdellah dans chaque rue, nous avons atteint le must du must en Syrie avec le president Bashar Al Assad. On en reparlera.
Des portraits presentant parfois le roi, en bon pere de famille, en bon musulman, en militaire invincible, en canon de la mode et de la beaute, en sportif muscle et jeune, en roi noble et proche des siens. ils l aiment tous.
C est ce qu ils disent. Ils rajoutent souvent aussi que sa femme est tres belle.
La Jordanie c est aussi les 1000 propositions en mariage pour Chloe, j ai finalement pas reussi a la vendre a bon prix. C est des rencontres incroyables.
-Un gardien de Chateau dans le desert, habitant une petite caravane, meditant jour et nuit. Certainement philosophe. Ouvrant la porte du chateau a environ 3 personnes par jour.
-un jeune a Jerash, qui voulait organiser une vraie equipe, professionnelle de line-roller, dans sa ville, cherchant des sponsorts, connaissant des ruines non-explorees...
-la famille des filles du docteur march, la meme, une famille de 5 filles, tres curieuses des moeurs de dragues en France, 5 filles en attente de mariage...
-Un gardien de musee qui nous a conseille de faire attention au chien , il a mime la facon de mordre d un chien.
-La famille de Mohammed ( un ami palestinien ) , chez qui nous avons assiste a l arangement de deux familles pour le mariage de leurs enfants, il vaut mieux que le jeune homme ait un bon CV.
-Un refugie palestinien qui voulait etudier les sciences politiques et qui a du y renoncer pour gagner de l argent, un homme tres brillant.
-Un jeune egyptien copt qui travaillait dans un hotel restaurant dans un parc et qui revait de retourner dans son pays.
J etais surtout dans un mode de transition, entre la Palestine et cet etat voisin, abritant de nombreux palestiniens, mais vivant en paix. Je realisais a quel point la liberte de circuler et la vie sans peur de l attaque militaire etaient des notions desirables.
Je realiais que ces peuples voisins , aux identites voisines, aux cultures arabes communes, aux religions semblabes ne vivaient pas du tout les memes choses.
Je realisais aussi que les peuples voisins n etaient pas forcement solidaires a la questoin de la Palestine.
Je realisais que ca m omnubilait.
Je realisais que je ne connaitrais qu un tout petit peu de chaque pays, quelques discussions, quelques bout de terre.

L entree en Syrie s est faite le jour du passage de notre president. Je redoutais la frontiere, il me fallait cacher mon passage en israel ( pays ennemi pour la Syrie ) , je craignais les resultats de notre patrie de Lberte-egalite-Fraternite.
Tout s est passe.
J ai eu mal pour notre pays. les Syriens ont tous su ce resultat et surtout, ils savent que " Sarkosy n aime pas les arabes et qu il soutient Israel ".
La Syrie est differente de la Jordanie au sens politique.
Ca pourrait etre une monarchie, c est une republique islamique avec un president qui est le fils du precedent et qui n a pas d opposition, qui a le controle des medias et un controle general sur la ppulation. Demain, dimanche 27, referundum pour affirmer le souhait de garder Bashar Al Assad.
Cela fait une semaine que des danses, des musiques, des affiches de Bashar affirment la joie du peuple a ce nouveau mandat.
Il y a une semaine deja, on voyait des affches dans toutes les vitrines inscrivant "Bashar 2007-2014"Pourtant, le vote a lieu demain. Uniquement les partisans vont voter.
C est assez etonnant de voir des manifestations d ecoliers, dans toute la campagne syrienne, clamer, nous aimons bashar et brandissant des panneaux a son efigie.
C est assez etonnant de savoir que certains lieux, comme des monasteres oecumeniques sont sur ecoute telephonique et que tous leurs mails sont lus.
Malfre tout, ce peuple est hallucinant de generosite, d hospitalite, de gentillesse. Chaque jour nous avons ete invite a diner et dormir dans les familles, pauvres ou riches. Certains osent nous dire leur envie de liberte de penser, d autres approuvent le gouvernement.

Il y aurait telement a dire. Je ne peux que vus conseiller de venir en Syrie.
Demain, nous entrons en Turquie.
Le velo c est la vie.
J aime tellement pedaler et decouvrir par ce biais la. Je sais que m attendent les belles montagnes de Turquie, les muscles s y font..."

mardi 19 juin 2007

Istanbul, pile ou face

- Istanbul! Constantinople! Byzance! ... la ville aux 100 noms... toutes les eloges entendues, c'est un peu exagere!
- On ne peut en tout cas pas lui enlever sa position symbolique, avec le Bosphore, qui relie l'Europe et l'Asie. et puis ce patrimoine... difficile de rester insensible en entrant a Sainte Sophie, ses dimensions, l'ambiance avec les couleurs, la lumiere.
- Oui, mais tout ca c'est maintenant du musee, c'est un peu mort. Un patrimoine vivant c'est ca qui est important, non? regardes toutes ces vieilles maisons en bois qui sont a l'abandon. Par manque d'argent les heritiers preferent les laisser ou les bruler pour revendre le terrain a des mafias qui en font des parkings, quelle honte! Et il faudra aussi passer voir ces gececondus, les bidonvilles de la peripherie...
- C'est la realite des megapoles, et celle-la s'en tire mieux que Le Caire ou Mexico. Avec son decoupage, c'est plusieurs petites villes cote a cote. et puis il y a toutes ces zones "pietonnes", Istanbul est bien plus sure que Paris meme.
- C'est surtout les policiers qui sont plus cools, il y en a quand meme partout. et puis un autre symptome de la megapole c'est le contraste entre riches et pauvres, avec des loyers au-dessus de ceux de Grenoble et un salaire minimum a 200euros, pas facile pour tout le monde. C'est quand meme triste, avec tout les spectacles a l'affiche de ne pas pouvoir y aller (meme un francais).
- Heureusement il y en a aussi des gratuits et dehors. Et la bonne surprise c'est aussi la cuisine, on est loin du simple chich kebab. Toutes ces soupes, les legumes, les epices, et les patisseries! il faudrait rester des mois juste pour tout gouter.
- La encore, gouter c'est bien, pouvoir le refaire, c'est mieux. Entre la demi journee de cours a 75euros et les restaurateurs qui ne parlent que turc, je n'ose meme plus demander "do you speak english?" je suis fatigue d'entendre "no" en reponse.
- Et eux ont du entendre plus souvent cette question que toi cette reponse, ca doit aussi etre enervant.
- Le fait est que souvent on se sent seul dans tout ce brouhaha
- Les gens ne viennent pas spontanement discuter mais ils sont quand meme bien disponibles, comme Idriss, le responsable de l'asso de calligraphie, il a laisse son boulot toute la matinee, ou Filiz, l'alevie qui est venue juste pour expliquer comment ca se passe dans le cemevi, c'est important...
Difficile de se faire une idee en quelques jours sur Istanbul, le mieux c'est de continuer sa route e t y revenir...

mardi 12 juin 2007

Le Gainsbourg de la poterie

La frontiere de Syrie vers Kilis avec 2 taxis nerveux pour 2 touristes et une paire de velos, c'etait un peu louche, mais bon...
Apres quelques remises en etat de l'homme et son bourr(ic)ot on repprend notre nomadisme depuis Tarsous. Et si la route est agreable c'est sutout par l'enthousiasme qu'on partage a chaque halte. Bien sur les discussions sont basiques, forcement on ne fait que se croiser, et il y a des regles, en Turquie encore je parle peu avec les femmes. Mais l'accueil est tellement "naturel" qu'on a des fois l'impression d'etre attendus!
Pour la Cappadoce (toujours pas l'image), la nature a fait des paysages hallucinants mais il y a aussi un etonnant monde souterrain, derriere un simple trou peut se cacher une eglise, un "garde-manger" immense, voire une ville souterraine creusee dans le tuf... et contre la chaleur, c'est mieux que la clim...
Du cote d'Avanos, la terre sert aussi pour la poterie : certains y font vieillir le vin (celui a la cerise pour l'aperitif est excellent). On y fait aussi de bons plats mijotes : les guvech. D'ailleurs c'est aussi le nom de la "marmite" et de la terre que prend le potier pour la faire... Du coup je me dis que l'endroit est propice a l'apprentissage. Ca tombe bien l'atelier d'Ugur (dire juste "our") s'appelle "chez mon pere" (il etait cordonnier) et il parle assez bien le francais. Ugur aime Gainsbourg, il se tait d'emotion a l'intro des plus beaux morceaux... Comme lui, il est un peu poete, quand il dit par exemple que la cuisson des poteries est bonne quand elles ont la couleur du soleil levant. Comme lui, il aime boire, mais meme bourre, la terre reste docile. Ca n'est pas le cas de son eleve! (desole, j'ai du mal a sentir le cote feminin de la masse...). Et pour l'apprentissage du turc aussi l'eleve est mediocre. Ugur limite alors mon nouveau vocabulaire a "bochver!", en gros "laisse tomber!" et il adore ce mot... Pour finir ce portrait, il se veut un mauvais musulman pratiquant, mais il a vraiment un grand coeur, sa porte est toujours ouverte, surtout pour les gamins du quartier avec qui il va a la peche, au foot ou qu'il initie a son art...
A Avanos il y a d'autres originaux, des barbiers masseurs, mais aussi la plus grande collection de meches de cheveux au monde! et uniquement de femmes... dans une salle voutee, ca fait une decoration plutot "rustique", n'hesitez pas a l'entretenir mesdames...

samedi 26 mai 2007

En Syrie a velo...

Au debut il y avait Albert, notre gros bebe de 3 tonnes, convivial et pratique, mais qui demandait beaucoup d'attentions et nous a finalement coute assez cher. Apres une grande traversee vers l'Est en bus, c'est avec Rucio que j'ai entame le "retour". Rucio vient d'Andalousie, c'est le meilleur ami du citadin mais pour les longues distances il est un peu fatigue. Il y a 3 jours, apres un pneu a plat, c'est la manette de derailleur puis la chaine qui ont casse. Et plus fatiguant que les cotes en pedalant, il y a les cotes en poussant son mulet! Ironiquement, on m'avait vole ma trousse a outils 2 jours plus tot... Pour finir avec les petits malheurs, 2 tendinites aux genous se sont reveillees...
Parce que sinon la Syrie a velo c'est un regal!
Pour la traversee de la Jordanie Rucio me servait surtout a relier les differents sites. La tete dans le guidon "jusqu'au prochain hotel". Pour la Syrie il n'y a pas vraiment de passage oblige, c'est plus buccolique et l'hospitalite est ici une question d'honneur... Surtout, je fais la route avec Jeanne qui, entre autres qualites, se debrouille tres bien en arabe (en dehors des villes, il n'y a pas tellement d'anglophone), c'est plus agreable a deux et je suis aussi moins cantonne dans un univers masculin. Du coup : pas mal de velo et d'arrets chez l'habitant.
L'itineraire qu'on a choisi passe par Bosra, avec ses anciennes maisons de pierres noires et son immense amphitheatre. Pour l'anecdote, on nous avait donne un contact sur place, mais des Oussama Magda il y en a plusieurs, du coup on a tres bien mange et dormi, meme si ca n'etait pas le bon... Ensuite Damas et un crochet par Palmyre (en bus) parcequ'il y avait le festival du desert. Mais on a surtout vu la demonstration de force des militaires : si les spectacles etaient gratuits les autres annees, elles sont maintenant a pres de 50 euros pour tout le monde! La suite passe par Marmousa, un monastere perche dans le desert, l'endroit de recceuillement reve, mais - est-ce l'echauffement de la planete? - du ciel on a surtout vu des trombes d'eau... Legerement a gauche en remontant, le krak des chevaliers, une immense forteresse que les francais voulaient acheter!, et puis la vallee de l'Oronte, avec ses gamins et ses camions qui ramenent les femmes des champs, jusqu'a Alep.
Pour finir, il y a dimanche l'election du president syrien, mais ca fait deja quelques jours que le lion Bachar fete son nouveau mandat. Danses, feux d'artifices, les ecoles defilent en chantant sa grandeur avec leurs professeurs qui sont bien sur tous au parti baas... En fait c'est plutot un referendum entre le camp des resignes et ceux qui adherent au systeme. Pour chercher l'opposition, il faut visiter les prisons, mais, meme avec du temps, on ne peut pas tout visiter...

mardi 1 mai 2007

No stamp please

Nouveau check point, on attend, on avance un peu. Le type a cote de moi avec la valise espere passer, il a reussi a avoir le visa pour la France parce qu'il est pharmacien. Et, alors que de l'autre cote du Jourdain, les Palestiniens revent de revenir chez eux, lui en a marre de cette vie que l'armee israelienne rend impossible. Des barrages fixes ou volants qui au mieux font s'eterniser les trajets, mais le soldat surequipe peut-etre ne voudra pas laisser passer les enfants, ou soupconnera untel d'etre un terroriste, alors il enferme. Il arrive qu'il tue pour se defendre, s'il soupconne... Elle est ou la Terre Sainte?!... Moi je suis un simple touriste, il faut juste rester calme. Pour Jeanne, mon amie grenobloise qui vit dans la region depuis trois mois, l'impatience s'est transformee en haine, surtout depuis qu'elle a vu les conditions d'enfermement, de torture et l'apartheid que les palestiniens subissent au quotidien. Cette Palestine "territoire autonome" ou les israeliens detruisent les batiments et brisent les morals pour grignoter toujours plus de terrain...
Ce barrage est sur la route de Jerusalem, on revient de Naplouse, ou on a suivit une colonie pour jeunes handicapes de differents camps de refugies. D'ailleurs quasi tous les organisateurs ont fait des mois ou des annees de prison. Et on peut se demander qui sont les plus "fous". Des deux cotes, la schizophrenie d'un peuple qui veut la paix mais glorifie le soldat et des nationalismes obsessionnels qui me desesperent (c'est la premiere chose qui frappe en arrivant : la moitie des voitures et des maisons qui arborent le drapeau israelien!). Cote israelien, il y a en plus une paranoia de l'attaque terroriste.
A Jerusalem je loge chez Ibrahim, un homme qui travaille pour la paix et heberge toutes les bonnes volontes. Mais la aussi, le mot de "paix" n'a pas toujours le meme sens. Un couple juif par exemple me fais remarquer que ma carte du pays, avec les limites de la Palestine, est fausse ; et encore que la presence policiere est gage de securite. L'armee est obligatoire, 2 ans pour les filles et 3 pour les garcons, tous en kaki avec le fusil en bandouliere, ca me donne plutot une impression de guerre civile.
On me dira que la critique est facile, et notre election francaise montre encore que l'endoctrinement vaut aussi chez nous... Il y a aussi, dans cette societe, pas mal d'aspects positifs comme la liberte des femmes, la recherche technique ou le concept de kiboutz. Mais apres ce court passage, je ne peux vraiment pas adherer au camp israelien, alors, sur le passeport comme dans la tete : "no stamp please!"

(plusieurs pays arabes refusent l'entree dans leur pays si le visa israelien est appose sur le passeport)

Je vous mets aussi le lien vers blog de Nadia, une francaise rencontree au camp, qui a choisi son camp... : http://nadouche.blogspot.com

samedi 14 avril 2007

"Grande" Jordanie

Hier, je n'avais "que" 80 km pour relier Dana a Kerak, mais par La Route du Roi ca veut dire au moins 4h de montees et 1h heure de descentes... Elle est charmante cette route, mais avec le vent froid de N-W permanent (entre de face et de biais), meme les "hello" des gamins sur le bord de la route finissent par ressembler a un harcelement! Je comprends mieux pourquoi on m'avait dit qu'un cycliste en Jordanie, c'est soit un Allemand, soit un Francais...
Et ce matin il y avait de la grele... Heureusement, a chaque etape, c'est un enthousiasme nouveau.
Aqaba d'abord, quel bout de mer! on nage dans un aquarium! Coraux et poissons de toutes les formes et couleurs, comme un decor de theatre bien vivant... Ils sont la, tranquilles, a quelques centimetres de profondeur, insoupconnes...
Deuxieme etape, autre univers, c'est le desert de Wadi Rum. Des superbes massifs de gres carmin aux stries horizontales scultees par le vent. C'est un "spot" mondial de l'escalade, plutot engagee. C'est quand meme un desert, les distance sont grandes. Le faire en 4x4 c'est pas trop mon truc, mais en regardant le plan du Parc, je m'arrete sur "Help us to protect Wadi Rum"... et me voila, sacs en plastique en main a nettoyer le desert 2 matinees! Je ne sais pas si on appelle ca de l'eco-tourisme, mais apparement ils apprecient : photo pour leur journal, restaurant et bivouac bedouin offerts...
La suite c'est PETRA, une formalite en voiture, 8h sans le moteur pour y arriver... mais le titre espere de "nouvelle Merveille du Monde", elle le merite. Et il n'y a pas que le Kazneh, son tombeau emblematique de gres rose. L'ambiance suivant la lumiere, l'harmonie entre la roche "bariolee" (traduction de son ancien nom) et la main de l'Homme, c'est hallucinant! Le seul regret c'est que pour le bien etre du touriste ils ont reloge les bedouins du site dans un village de beton. Il y a l'eau et l'electricite mais je pense que pas mal de traditions sont perdues au passage. Apparement ils s'en accomodent, tant qu'ils ont les chevres (8000 ans d'elevage quand meme...)
et les bourricots (et chacun le sien, ne serais-ce que pour emmener de quoi faire le the, ou aller a l'ecole pour les gamins...). J'ai bien failli troquer ma montre pour une de ces sacoches de mulet bedouines, elle allait si bien a mon velo! dommage que ca ne soit pas vraiment fonctionnel...
Pour la peine j'ai eu droit a ma premiere crevaison le lendemain sur la route de Dana. Le vieux village est a environ 1000m d'altitude et on se sent coupe du monde : il domine la vallee d'un cote et des falaises le cernent de l'autre. Malheureusement il n'y a plus que quelques familles et de quoi loger les visiteurs, des hotels, mais faits a partir des anciennes maisons retapees. L'interieur aussi est extravagant, chacun y laisse sa petite touche, objets ou inscriptions du monde entier. Et le temps passe, tantot a aider en cuisine ou au menage, tantot farniente ou balade avec d'autres voyageurs. Apres 5 jours je me decide quand meme a repartir, mais si l'Ecole d'Archi veut monter un projet pour la restauration des maisons, je prends mon billet...

Resurrection copte

En cette periode de rejouissances chretiennes, je vais revenir un peu en arriere, au Caire. Hanni, mon hote, ami et guide, m'a aussi fait connaitre certains aspects de la communaute copte qui est toujours bien fervente en Egypte (et la messe copte est bien longue...).
Ces "egyptiens" se sont discretement convertis au christiannisme a une epoque ou les romains s'en servaient plutot pour les joies du cirque. Ils ont d'ailleurs toujours ete parmis les peuples les plus persecutes et soumis : aujourd'hui encore ils ne sont pas reconnus par l'etat et ne peuvent pas travailler dans la fonction publique.
L'ecriture copte existait en fait depuis 7 siecles avant jesus, elle a ete creee a partir du grec pour retranscrire l'alphabet egyptien (Champolion etait aide...). Et c'est au Ve, avec le concile de chalcedoine (il y a intero apres...), qu'ils representent les chretiens d'Egypte (la "rupture" vient du fait qu'ils croient en un christ d'une seule nature a la fois humaine et divine). Il y a d'autres heresies, qui les separent : le rejet du purgatoire, les confessions collectives a l'encensoir par exemple. Et aussi des "heritages" de l'epoque pharaonique (comme les pleureuses, les offrandes au defunt...), et de la periode monachique du debut : le jeune stricte, les purifications (avec des rituels proches de la magie). Ce qui etonne aussi, c'est l'importance des miracles dans le discours, la devotion a la vierge Marie et aux icones (ils sont souvent une croix ostentatoire tatouee sur le poignet).
Les coptes sont en general orthodoxes (differente de la greco-slave), ils sont tres proches de leur clerge. Par exempl, le divorce est quasi impossible et, s'il y en a un, il faut reellement negocier, que les 2 parties aient des bonnes motivations pour qu'ils acceptent une nouvelle union.
La culture copte se reconnait aussi dans l'art : le tissage serait une invention de chez eux et leur style, un peu comme dans leur peinture, plutot en hachures et degrades qui donnent du relief. Il y a aussi la musique et les chants : lents, repetitifs, avec des claquements de doigts, des petites cymbales, etc. c'est assez spirituel et envoutant dans une eglise... L'architecture des eglises est d'ailleurs specifique, plus cubique... le mieux c'est d'aller voir!
Heureusement, meme si la cohabitation avec les musulmans n'a pas toujours ete facile, leur patrimoine a ete relativement preserve, il a meme tendance a s'etendre. On peut toujours rever que l'Eglise Catholique ameliore ses relations avec le monde arabe par le biais de cette communaute qui compte une diaspora plus importante que le nombre de pratiquants en Egypte. Mais la j'en demande trop.

dimanche 1 avril 2007

d'une mer a l'autre...

C'est vrai qu'ils sont impressionants et pleins de mysteres ces temples multimillenaires et ces tombeaux sacres, j'imagine l'enthousiasme des explorateurs d'enigmes et de tresors caches qui se sont succedes... ce que je comprends moins, c'est l'engouement du visiteur, cette mission qu'il s'assigne de voir le maximum de sites, egyptologues ephemeres sur les traces de Bonaparte...
Apres avoir vu les temples de Karnac et les tombeaux de la Vallee des Rois, qui sont des "musts" de l'Egypte antique, je me "contente" largement de rester dehors avec les gardiens et les artisans de ces rois modernes : les "blancs", les vallees, desertique ou du Nil, sont en plus superbes en velo. Et pour ne pas etre taxe de radin de francais, c'est au Croissant Rouge que je donne ma contribution...
Ca n'est pas que je sois gave, mais avec la pollution du Caire, il y a comme un appel des grands espaces jordaniens... En quittant le pays, un dernier exemple de l'"egyptian touch" : tu fais la queue pendant 1/2h au guichet des ferries (de la Mer Rouge bien sur), et puis au fur et a mesure que ca s'allonge, une deuxieme file apparait pour le meme guichet, tout ca tourne, a l'ouverture du guichet, en un gros agglomerat de gens, il n'y a plus qu'a aller s'asseoir et attendre... C'est un peu pareil pour le referundum du 26mars, les regles c'est juste de la theorie...
Quand enfin on arrive cote jordanien, un grand merci a Lauren et son precieux compagnon, il y a un bon vent de sable qui s'est leve. mais je veux essayer de remonter le pays a velo, alors 10km de vent de face, la nuit, ca fait un bon bapteme!

Patrimoines compares

La culture mediterraneenne c'est une mosaique, tantot unifiee, tantot fractionnee.
La conquete arabe a occupe le sud, et puis avec les Ottomans il y a cission est/ouest. L'architecture est un bon refflet de ces inffluences.
Dans la medina de Tunis, par exemple, on a d'abords l'impression d'un gros fouillis de maisons aveugles, de rues et d'impasses anarchiques. Pour comprendre la genese il faut penser au principe d'intimite, le haram, qui est inscrit dans la loi religieuse, transmis par la coutume et respecte tacitement par les citadins. Le principe de construction c'est la maison a patio, il y a ensuite une "chicane" d'entree plus ou moins longue et complexe, la skifa, ou on recoit le visiteur. C'est en abolissant ces passages controles que le protectorat a "ouvert" les fameux cul-de-sacs. et puis il y a les "grappes de maison", typiquement maghreben, avec des maisons mitoyennes et des murs aveugles, qui peuvent enjamber les rues en formant un passage sous voute, le sabbat. Il faut voir les photos aeriennes pour decouvrir ces amas autours de leur carre de ciel... Le quartier etait organise autours de la mosquee pour vivre d'une facon assez autonome : four a pain, souk, hammam... Et il parait que le contrat de mariage pouvait stipuler que l'epouse n'aurait pas a quitter son quartier!
Changement de decor au Caire. Pendant la periode turque, avec les Mamelouks (XIV/XVe), c'est l'epoque faste des 1001 nuits... Les mosquees s'elancent avec des minarets de differentes formes geometriques qui se superposent , la cour centrale est couverte et les arcs sont rehausses... c'est un peu l'equivalent de notre gothique, avec en meme temps des constructions imposantes et un grand soin dans le detail : motifs geometriques sur les domes, il y a souvent des inscriptions autours des salles et a l'exterieur, et surtout, typiquement mamelouk, la transition entre la salle carree et la coupole hemispherique est faconnee en stalactites (et la je dis que le numerique a du bon, desole de ne pas montrer ces merveilles...). Il y a encore les frises de merlon en pleins et vides symetriques en haut des murs, les moucharabies, les claustras de bois ou fer forge, les portail aux dentelles de bronze etc, etc... bref, quand on est au milieu de tout ca, on sent vraiment une unite dans l'esprit et le rafinement d'une epoque...
Ces deux styles, excellents, sont d'inspiration islamique et s'ils sont bien differents dans les concepts, ils le sont malheureusement aussi dans l'entretien. apres la guerre, la bourgeoisie quitte la medina qui tend alors a la taudification, en reaction l'Association de Sauvegarde de la Medina (www.asmtunis.com) est creee, qui a bien revalorise ce patrimoine. Pour les joyaux islamiques du Caire, l'UNESCO a bien pris des decisions, mais on est en Egypte...

samedi 24 mars 2007

Cimetieres vivants

L'Egypte a toujours ete un pays convoite, souvent domine, ou cohabitent des tres riches et des tres pauvres, que ce soit du temps des pharaons, des romains ou des ottomans... A une autre echelle, il y a maintenant le touriste avide qui vient se ruer sur ces vestiges du passe. Mais a cote de ces debauches d'or* de palais ou de tombeau "merveilleux", il y a une misere comme rarement je l'ai ressentie, c'est bien sur accentue par le contraste.
Il y a une zone, qui n'est pas la plus misereuse, mais assez impressionante, qu'on appelle la "cite des morts". Du temps des Mamelouks, en gros au XVe, ils avaient l'habitude d'aller rendre visite et festoyer avec leurs morts au cimetiere. Ils y avaient construit des "pieces" en dur a cote ou autours des tombes. Avec l'expansion de la ville et de la pauvrete, les gens ont commence a s'installer dans ces constructions et il s'est forme un vrai "village" qui grandit avec le cimetiere... c'est assez etonnant de voir les gens qui vivent comme ca, etendent le linge ou prennent le the a cote des tombes. Cette "dead zone" a ete progressivement alimentee en electricite et en eau courante (on peut voir certains "caveaux" avec la parabole dessus...).
L'autre cimetiere, plebiscite par les touristes, c'est les pyramides de Chephren, Kheops et Mykerinos a Giza. Elles ont ete epargnee par l'urbanisation galopante du Caire mais pas par les visiteurs, ca en est etouffant (il faut quand meme leur reconnaitre une certaine endurance a ces groupes qui enchainent les visites a un rythme effrene). Et puis finallement, est-ce l'attente de voir cette derniere Merveille du Monde "vivante", l'habitude des parois verticales (qui me manquent un peu quand meme), mais les 150m de blocs empiles ne sont finallement pas si epoustouflants. J'imagine qu'avec son revetement de granit (pille pour l'edification de la ville) elles devaient rayonner autrement...
Sitot revenu dans la jungle des klaxons du Caire, je suis alle me reposer les tympans vers Alexandrie. Le glorieux passe de capitale romaine, il faut le creer mentalement. Mais, a l'image de la nouvelle bibliotheque, qui fait un gros travail de numerisation des bouquins (www.bibalex.org), les scandinaves ont reussi une belle integration du passe avec un batiment moderne : salles de lecture et stockage en gradins, symbolique du disque solaire et des langues du monde, etc
Meme si je me sens un peu "batard" a cotoyer difficilement les touristes et les locaux, je remets ca demain avec Louxor...

*Le musee fait un peu amoncellement de pieces, et puis au moindre coin touristique c'est un racket...

Methode de langue?

Connaissez-vous Henriette Walter? Elle nous apprend, d'une facon ludique, l'influence de l'arabe et d'autres dialectes barbares sur le francais (et inversement).
Par hasard (la, c'est de haz-zahr, le jeu de de), je vois que mon but serait, en arabe, de faire un safari, qui veut dire "bon voyage". Ironiquement d'ailleurs, vu l'intolerance de certaines, c'est le meme mot pour designer l'ambassade et pour voyager : safaraa... De meme pour la douane qui, a l'origine vient simplement de "diwan" (le registre).
Treve de nostalgie, pour aller au bled (=le pays), il faut aussi du flouze (l'argent) - ce qui limite le nombre de voyageurs mesquins (de miskin=pauvre) - et puis, en ces terres pieuses, un chouaya de baraka (qui est, en arabe, la benediction).
Dans la grande comptabilite des mots, il y a les chiffres arabes (le sifr est lui meme le zero), qui ont apporte l'algebre et le calibre, mais aussi la chimie, l'alchimie, l'elixir et meme l'alcool...
On peut y ajouter, dans ce souk des mots, les abricots, epinards et artichauds, le mechoui (=grille) ou la moussaka (=qui est froid), le sorbet (charab c'est la boisson) ou le kawa, mais le plus beau, c'est le loukoum, qui viendrait de l'expression "bien etre du gosier".
Obligation religieuse(?) la nouba (nuba) c'etait a tour de role... pour danser devant les officiers. Et, plus marrant, le matelas vient de matrah : jete a terre...
Et oui, le sens a souvent bien change, tiens : la matraque, c'est le marteau, le taliban (de talib) c'est l'etudiant et le zouave, vient des zwawa, une tribu kabyle. Il y a meme de quoi devenir fou (de fil=l'elephant!) quand on voit que c'est de l'arabe que vient le hashish (=l'herbe) et chercher le roi (al chah) nous conduit a l'echec!
Plutot que d'aller voir un toubib, il vaut mieux se contenter d'un charabia (al gharbiya : celle de l'ouest), d'un simple pataouete (facon de parler des francais d'Algerie, ca vient de "bab-el-oued")

dimanche 18 mars 2007

La ruee vers l'Est

Depart "a l'arrache" de Libye, est-ce pour quitter sans regret ceux qu'on a apprecie? merci encore pour ce sejour...
Et meme si visiblement le consulat pouvait aider a prolonger mon visa, j'ai prefere laisser les cites greques de cyrenaique et leur belles histoires... Apres un gros "forcing" de 26h par notre chauffeur pour faire les 2200km entre les 2 capitales (merci aux libyens qui m'ont bien aide pour le visa a la frontiere), on debarque dans cette megapole grouillonnante qu'est Le Caire.
La premiere surprise c'est les hotels qui refusent les touristes... Apparement le tourisme d'ici doit avoir un certain standing puisque le gouvernement interdit aux petits hotels economiques de louer aux etrangers...
Meme s'il y a toujours moyen d'en trouver un plus complaisant, Hanni, un egyptien rencontre en Tunisie, m'a finalement arrange un appartement et plus encore...

la main verte

37 ans qu'il est en place, c'est placarde partout... Comme en Tunisie, la figure protectrice de Kadhafi est la. Pas que son portrait, le vert de l'islam couvre les batiments, son drapeau les relie a la rue... Des sa prise de pouvoir, le but etait de mettre en place un panarabisme nasserien et lutter contre la domination occidentale (expropriations, interdiction de l'alphabet et la musique occidentale, reislamisation...). En 73, il donne au monde sa vision du socialisme dans le livre vert en 3 parties (politique, economique et sociale). Et, comme souvent en theorie, il y a de bonnes idees.
Il pronne d'abord une democratie participatoire basee sur des comites et congres populaires. ils sont en place mais ne decident pas le budget, surtout pas les revenus du petrole. Et en rejettant la "dictature sous des apparences de democratie" que represente l'election a 51% des voies, il evacue de fait toute opposition politique.
Un autre grand concept est sa vision materialiste : "la terre n'est la propriete de personne" et surtout "la maison appartient a celui qui l'habite", et oui, c'est le squatt legalise! ca empeche d'avoir plus d'une propriete et aussi la location. Les etrangers qui, bien sur, ne font pas partie de cette societe jamahirienne ne sont pas concernes. Et pourtant les etrangers representent 40 a 50% de la population active (un autre slogan enonce "associes et non salaries"). Parce que, s'il n'y a quasiment pas d'analphabete, les centres de formation et ecoles de haute technologie sont aussi inexistantes. Mais quand le petrole est cher, le pays est riche... et le guide sait recompenser ses fideles... (un grand nombre de libyens inactifs peut en fait vivre des revenus d'un petit commerce offert par exemple).
Enfin s'il soutient les opprimes, le droit et la liberte, les femmes, les sciences et les arts... s'il rejette la guerre et l'industrie de l'armement, c'est en temps de paix. L'entrainement pour l'armee civile concerne aussi tout le monde...

(le texte integral est bien sur telechargeable, pas sa realite)

mercredi 14 mars 2007

Les facéties d'Albert

Chiomonte, 12.03.2007


Me voici presque à Grenoble. Partir en van, était-ce une bonne idée ? A l'instant où j'écris ces lignes, c'est grâce à Abert que je suis coincé dans une petite vallée italienne, et la question se pose tout naturellement...


La dernière saute d'humeur d'Albert (du moins « la plus récente ») fut pour le moins originale: il a éjecté une petite boule de feu, enflammant le champ longeant la route. (2 camions de pompier pour éteindre le feu !) Une fois à l'arret, les flamèches sous le capot m'ont convaincues d'y mettre un petit coup d'extincteur. Si l'on oublie les 110€ que coûtent la pièce de rechange, l'arret forcé est plutôt plaisant: ici les gens parlent français, les capuccino y sont de vraies oeuvres d'art, et le cadre est sympathique.


Mais quand même, tous ces efforts sur le van en valent-ils la peine ? Peut-être que Philippe, sur son vélo, est plus à même que moi de répondre à cette question...
Une chose est sûre, tant qu'à acheter un vieux fourgon, mieux vaut éviter de prendre un Boxer ! Les accessoires y cassent les uns après les autres (le moteur semble, lui, plus robuste)
Le van en devient-il une fin plus qu'un moyen ? Pas exactement, les 10 meilleurs jours en Tunisie étaient à Grombalia, où je ne serais jamais allé s'il ne fallait répeindre le fourgon ! Le van reste (je crois) un bon concept pour voyager, reste à connaître les contraintes mécaniques et les contigences matérielles sources de dissention (6 m² seulement!) . Dans tous les cas, il ne faut pas voir le van comme une voiture mobile, mais plus comme une tente que tu plantes pour quelques jours.


Acheter un fourgon tout aménagé aurait peut-être été une bonne idée...
Il n'empêche, «Le moyen fait partie de la vérité, aussi bien que le résultat. Il faut que la recherche de la vérité soit elle même vraie, c'est la vérité déployée, dont les membres épars se réunissent dans le résultat». (Marx).


Trek salam !


Guillaume.

lundi 12 mars 2007

Aller simple Tunis-Tripoli ...

Petite pensée émue pour les étudiants. Hé! Elyès, Hichem, Wajih, Dali, Moddher, Issam, Bachir et tous les autres... bonne chance pour vos projets! E Hasta la vitoria!
Petit regret aussi d'avoir "manqué" le désert, mais là c'est partie remise...
A Tripoli, l'arrivée est plutôt austère, heureusement l'acceuil du consulat (merci Florent), puis à l'Ecole Française m'ont réconciliés avec les français (entre la négation historique en Algérie et le manque d'ouverture en Tunisie, je n'étais pas trop fièr).
Philippe et Dominique, qui m'accueillent ici, ont rejeté la monotonie de la vie grâce à l'expatriation... Ils recherchent la stabilité dans le mouvement, accompagnés depuis 6 ans par Lory le fiston fougueux mais brillant...
Et Tripoli, question stabilité, c'est pas l'endroit le plus facile. Depuis 2003 et la levée de l'embargo onusien, ça change tous les jours. Déjà avant, la capitale était un pôle d'attraction pour pas mal de pays frontaliers, subsahariens et même asiatiques (la levée de l'embargo a d'ailleurs réduit cette migration pour que la Libye ne soit pas le nouveau Gibraltar). Ce mélange, entre ouverture et protectionnisme, on le ressent bien sûr dans la langue, tout est écrit en arabe et peu de gens parlent anglais (moi y compris). Mais pour ceux qui vivent ici, il y a bien d'autres contraintes, par exemple l'interdiction d'être propriétaire que ce soit d'un commerce ou d'un logement, certains commerces sont réservés aux libyens et presque anecdotiquement, il y a des castes pour les voitures : plaques rouges, noires, jaunes, blanches, carré bleu, ... dis-moi avec quoi tu roules, je te dirai qui tu es ...
Insidieusement, on reste dans sa case, c'est vraiment frustrant en ville, celle de la Mission Laïque française n'est pas trop mal. Cette association enseigne le français à l'élite francophone dans le monde. Dans les classes, il peut y avoir 10 à 15 nationalités pour 20 à 25 élèves! C'est étonnant de voir comment même chez les plus jeunes, il existe des ségrégations.
Philippe a une classe de CM2 , comme pour ce voyage on voulait aussi intervenir dans les écoles, il m'a proposé de leur faire un peu de cours de dessin, sur la perspective et les volumes. Et c'était bien réjouissant de voir les enfants studieux qui remercient à la fin et demandent même des devoirs! Et puis se faire appeler maître, ça titille son égo...

vendredi 9 mars 2007

Entrée des artistes

Entrez! Entrez! Venez voir l'Exposition Coca-cola! Regardez ces Couleurs éclatantes, ces Scultures de matériaux recyclés... Il y a là parmi les meilleurs élèves de l'Ecole des Beaux-arts de la Capitale! les Journalistes amis sont là aussi! ils vous semblent perdus? normal c'est de la presse économique! Tenez prenez une canette... Ecoutez ces beaux discours remplis de bonnes intentions altruistes... Et surtout, Mesdames et Messieurs, admirez les magnifiques récompenses : ces grosses boîtes, ce sont des postes radios! mais si! avec le logo Coca-cola dessus...
Bien sûr, les étudiants ne sont pas dupes de ce cirque (certains avaient refusé le projet). La question du jour c'est : est-ce qu'ils pourront revendre ce truc inutile? Et chercher à contacter la firme pour les encourager à plus de réalisme, c'est un peu lancer une bouteille à la mer.
Mais si le "sponsoring" privé ça ne marche pas trop, il ne faut pas compter non plus sur la générosité du ministère. Les étudiants ont bien tenté la grève dernièrement, terminée par des belles promesses. Mais même leur formation n'est sanctionnée que par une attestation de réussite, le système LMD qui va être mis en place n'arrange en rien.
Pour l'anecdote, c'est dans un ancien hôpital psychiatrique qu'a été installée l'école. Et pour les travaux de restauration, ça fait des mois qu'ils ont commencé... par le grand portail d'entrée et les pavés de la cour!
Pourtant ce ne sont pas les idées qui manquent, redécouvrir les musiques traditionnelles du Maghreb ou les mouvements actuels réprimés, ouvrir un ciné-club ou inviter des artistes. Quand il faut des moyens, le projet a peu de chances d'aboutir. Parce que coté "travaux pratiques", l'art tunisien s'anonce plutôt à base de collages, de photogramme (tirage photo sans appareil ni pellicule) et autres "bricolage".
Et pour être plus optimiste, l'étudiant peut soit espérer quitter le pays, soit se dire que dans l'enceinte de l'université la liberté est bien plus grande qu'une fois sorti.

samedi 3 mars 2007

fast food local

Allé, un petit dernier pour aujourd'hui, une recette simple, locale (1), et de saison. Ca s'appelle le lablabi :
- Commencer par cuire les pois chiches (2) avec du sel et de l'ail si vous aimez, c'est 30 minutes je crois s'ils ont trempé la nuit.
- Emmiéter un bon morceau de pain (3) dans le bol. Dans l'épicerie, on prend plutôt le gros, rond, et à laisser sécher un peu.
- Verser du jus de cuisson, avec une petite louche des légumes, pour couvrir le pain.
- Ajouter la cuillère à café de harissa (4), la cc de cumin (selon le goût mais c'est ça qui donne sa saveur), le petit verre d'huile d'olive (par personne!) (5), et l'oeuf (6), en général cru, mais il n'est pas indispensable.
- bien touiller avec 2 cuillères, c'est plus une bouillie bien épaisse qu'une soupe, mais ça cale et c'est bon.
Bon app'

(1) ok, le pois chiche est "localement" autours de la Méditerranée, d'ailleurs elle me rappelle une bonne soupe portugaise de mon enfance.
(2) mais si c'est bien le pois chiche, c'est plein de fibres, des protéines végétales, vitamines, minéraux, c'est pauvre en graisse et sans cholestérol... en plus ça fait un plat végétarien et pas cher!
(3) En Tunisie, on mange du pain en quantité industrielle. Il remplace même la fourchette pour salades, plats en sauce...
(4) La harissa est le deuxième ingrédient de base en Tunisie
(5) L'huile d'olive est le troisième impondérable, la consommation moyenne doit être autours de 100L par an pour une famille...
(6) Vu la consommation d'oeufs, les diététiciens tunisiens ont du travail en perspective.

j-3

salut à tous, enfin! dans 1h je retourne au consulat de Libye pour récupérer mon visa.
La prochaine étape c'est donc pour mardi vers la Libye, avec mon vélo (sur le bus pour le moment) et un petit sac à dos...
En fait le consulat à Tunis ne veut pas donner de visa touristique aux non-résidents (et comme les tunisiens n'en ont pas besoin, ça doit pas leur faire des grosses journées).
Par contre le visa de transit est plus facile à avoir. Il accorde 1 semaine pour traverser le pays, ne nécessite pas l'invitation si précieuse (ou les frais d'agence avec guide le imposé, qu'il faut bien sûr nourrir et loger). Bref, avec une demande écrite en arabe, 31 dinars, et 10 jours de réflexion, en ce moment c'est possible. Le robinet est quand même plus ou moins fermé, suivant la période, l'humeur du consul, le moyen de déplacement...

2 cartes postales

Sur la carte de Tunisie, la voie ferrée s'arrête à Gabès, il y a aussi des palmeraies dessinées...
La palmeraie, c'est un peu comme sur les cartes postales, une forêt de palmiers filtre le soleil sur des parcelles d'arbres fruitiers, le tout irrigué par un savant réseau de rigoles.
A Chénini, c'est plutôt la "post"-carte.
Les dizaines de sources sont taries, l'eau est maintenant pompée et rationnée (1 jour par mois!). Du coup, ils sont passés du bananier, au grenadier, au fourrage... Même les dattes ne sont plus fécondées et récoltées, la faute aux tartines beurrées du matin il paraît, et la deglet nour d'Algérie, qui est quand même la meilleure, ne pousse pas ici en bord de mer. En regardant en l'air (l'autre oeil vers le bas pour ne pas écraser les précieuses plantes à henné), on voit aussi des tristes palmiers qu'on a étété et puis taillé le coeur en pointe. Des gars plutôt discrets récupèrent le jus dans de gros bidons, c'est le legmi, un genre de sirop avec un goût qui rappelle la noix de coco. Il faut le boire frais, mais en fait s'il est interdit de le laisser fermenter (il paraît que ça fait tourner la tête) c'est surtout pour limiter ces "saignées" qui peuvent tuer la plante.
A Gabès, une autre distraction locale "discrète", c'est le bordel.
En rentrant avec 3 jeunes de 15 à 18 ans pour chercher l'hotel le moins cher du coin, comme ils semblaient pas trop compter sur leur parents pour le déjeuner, je leur propose de m'accompagner, et après, spontanément, ils me sortent "ça va, ça fera 45 dinars pour les 4 au bordel...". Les maisons closes sont tolérées dans plusieurs villes de Tunisie mais apparement on ferme aussi les yeux sur l'âge du client! (ils ont déjà tous pratiqué, au "sacrifice" de quelques matériels scolaire).
Sur la carte de Tunisie, il y a aussi les îles de Kerkennah, et à mes oreilles ça évoque surtout le jazz de Pascal qui manque un peu de ce coté de la mer (et je crains que la définition de Soumia soit plutôt répandue : "le jazz? c'est la musique des cowboys, non?").
Un curieux hasard m'a mis sur le même bac que ce japonais de l'auberge de Tunis qui passait ses journées à peindre la médina à l'aquarelle. Shigéo est un bouddhiste, plutôt zen, il part avec ses 3 mots de français, sa sacoche photo de 8kg et sa brosse à dent à la découverte du pays. Et dans sa tête il doit y avoir la carte de l'extrème orient au maghreb et il est en train de cocher tous les pays... C'est peut-être ça aussi qui l'a décidé, à 45 ans, à arréter son travail d'architecte, écoeuré par les grattes-ciel et la croissance japonaise.
Et Kerkennah c'est bien aux antipodes de Tokyo : 2 plate-bandes couvertes de palmiers sauvages où les pécheurs, entre le café et le terrain de pétanque, t'invitent à les accompagner sur leur petite barque. Même la technique est sympathique : ils plantent des feuilles de palmier dans la mer pour guider le poisson vers les nasses prisonnières... Bon, là encore ça fait carte postale et pour trouver le paradis annoncé, il vaut mieux revenir cet été : à 7h du matin, avec le vent qu'il y a, le repos je le préfère quand même dans mon lit...

vendredi 23 février 2007

Ar(t)guments tunisiens

A l'arrivée en Tunisie, la transition était un peu brutale, il y avait bien ce douanier nonchalant qui nous a donné un bout de son sandwich, quand même, on y avait pris goût à la spontanéité, la méfiance bienveillante et la générosité des algériens. C'est sûr, en allant dans les endroits à touristes on retient les désagréments du tourisme. Et il y a aussi cette (h)ombre, comme on a pas le droit d'en parler, on le voit partout, tantôt il nous salue, tantôt sourit, la main sur le coeur. Il (sur)veille...
Ca me me fait penser à un autre gars, que se llamaba Picasso, e que decia : "el arte es una mentira que nos acerca de la verdad" (pour m'arranger, je traduirais "l'art est un simulacre qui nous montre la vérité"). Et justement, au ciné-club de Tunis, il y avait dernièrement des films sur la guerre d'Espagne. "Mourir à Madrid" de Frédéric Rossif par exemple, non seulement c'est un bon documentaire fait d'images d'archives, mais en plus le débat qui suivait était bien pertinent; la diffusion, qui ne peut pas se faire avec des "supports légaux", est aussi une forme de militantisme. Pour avoir une idée de l'engagement de l'asso., ils organisent chaque année le "cinéma de la Paix" qui se veut "consécration du film non commercial, et réhabilitation du cinéma d'auteur, du cinéma qui défend «l'homme» dans un monde régi par la course effrénée pour le profit" et invitent des personnages comme Leila Shahid...
Une deuxième soirée qui a ravivé ma quête de résistances, c'est avec Khamsoun. Cette pièce a été jouée Paris mais censurée ici avec une centaine de points litigieux! Elle traite en particulier de l'escalade sécuritaire pour prévenir le terrorisme islamiste. Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi, les auteurs et metteurs en scène, ont enfin réussi à présenter leur pièce. Entre autre le public applaudit quand ils critiquent le nombre de policiers postés à quelques dizaines de mètres devant le ministère de l'intérieur ou quand le voile est jeté à terre... Et apparement les dates s'enchainent.
En fait depuis assez longtemps, surtout dans le cinéma et plus récemment la musique (avec le rap), l'artiste tunisien revendique. D'ailleurs une prochaine fois, je vous parlerai de la fac des beaux arts qui est en ce moment en grève...

jeudi 22 février 2007

--------------------------------------------------
Ce silence depuis l'arrivée à Tunis ne s'explique pas seulement par le manque d'intérêt de la ville. La décision s'est imposée: nous nous séparons pour la suite. Philippe essayera de poursuivre sa route (et le blog), Guillaume retourne en France après quelques réparations mécaniques, Christophe vient de prendre son avion pour la France.
En espérant que les prochains mois saurons faire oublier cette décision attristante.
Inch Allah !
Philippe et Guillaume
---------------------------------------------------

Atene kawa !

Grombalia, le 22.02.2006


Salut à tous,

Quoi de plus simple que commander un café ? Et pourtant...
Bon, en France, tu demandes "un café", ou un "kawa" pour faire plus cool (en fait un mot arabe). En Angleterre, un "café" c'est le même kawa avec en plus 20cL d'eau chaude, en général très cher et servi dans un gobelet en plastique. "Expresso" était le mot clef. Tu peux essayer "Expresso" en Espagne, mais "café solo" c'est ta meilleure chance, et en Algérie ça devient "café presse". "Atene kawa" c'est encore mieux, mais en Tunisie ça marche pas à tous les coups (quelques fois j'ai récupéré un machiato, du reste plutôt bon). Si tu demandes "café au lait", ils font parfois mousser le lait au point que tu crois avoir un cappucino (qui se dit ici "capucin"...) En Angleterre, le même brevage serait sûrement un "Special blend Deluxe Cappucino", mais ici la mode des euphémismes marketing n'est pas encore arrivée.
Clairement, il faudra passer par l'Italie pour éclaircir tout ça, ou peut-être devrais-je tout simplement boire de la bière ?

Il y a beaucoup d'autres choses plus intéressantes à dire sur la Tunisie, Christophe a prévu un petit texte à ce sujet. Le meilleur résumé (à mon goût) est peut-être "aboule la thune".
Nous avons eu du mal à rencontrer des gens intègres, mais aussi c'était un peu le propre de Tunis et des endroits touristiques. Dans le bled où je fais repeindre le van, ils voient passer moins de français et sont beaucoup plus chaleureux. La routine est elle le poison du sourire ?
Un sourire que nous n'oublierons pas, c'est celui de Bennali, le dictateur local. Sa photo est partout (chaque pièce, chaque attelier, chaque bar ...), souvent prise du bas (vieille ruse de dictateur ?) Il y a beaucoup d'indices dans la vie de tous les jours. Par exemple, tous les connexions internet sont filtrées: il est impossible de consulter un site dissident, même si il est en ".com"
Un homme qui ne riait pas, c'est Mourad, en nous voyant il a accouru pour discuter. Comme beaucoup de Tunisiens cultivés, il voit la Tunisie comme une prison dont on ne peut sortir, et pense que la manne touristique ne profite qu'à une minorité.

Bon week-end à tous !

Guillaume.



dernière nuit en commun dans le fourgon; 15s de pause et dans le ciel l'épée d'orion (en haut à gauche), comme pointant une direction bien mysterieuse - où serons-nous chacun ces prochains mois ?

lundi 12 février 2007

Nassima jeune femme des montagnes

Bejaia, charmante ville Kabyle en bord de mer, possède une particularité intra muros unique en Algérie ; à savoir des cités universitaires mixtes. Ce fut pour nous l’occasion de créer des liens « particuliers » avec des étudiantes algériennes.
Lors d’un spectacle pendant lequel quelques musiciens égrainaient sur leurs luths les mélodies de Lounes Mathoub. Combattant emblématique et martyre de la région. J’ai rencontré Nassima, étudiante en droit, surprenante par son intégrité, son courage et son charme.
Nassima est hijabiste, l’on dirait chez nous « qu’elle porte le voile ». Ce choix est une volonté personnelle, malgré sa foi elle ne se soumet pas à la loi coranique. Elle porte le Hijab par respect à la tradition des femmes de son village. Je rajouterais que ce foulard laisse suggérer toute une beauté cachée que l’on aimerait dévoiler.
Durant nos discutions, j’ai appris beaucoup sur le mode de vie de la femme algérienne. Nassima rêve de liberté, ce mot reprend son sens véritable lorsqu’elle le prononce. En cela, il faut comprendre, réussir ses études puis trouver un travail afin de mener une vie simple. Malheureusement, l’Algérie n’a pas de travail pour tous ses enfants. Le chômage serait pour Nassima comme beaucoup d’autres jeunes femmes du pays, l’obligation de regagner le foyer familial, pour y retrouver dans son cas les travaux domestiques et agricoles. Difficile à accepter ce sort pour une jeune femme qui a passé plusieurs années à l’université pour y étudier le droit tout en ayant appréciée les possibilités qu’offre une grande ville.
Si la cité mixte est un pas en avant, vers une ouverture d’esprit dans un pays ou le livre saint est porteur des idées morales. Paradoxalement, pour une jeune femme cette mixité peut devenir un poids voir un fardeau. Sortir en publique en présence d’un homme demande un effort que l’on aurait de la peine à concevoir, tant le regard de l’autre est insupportable pour une femme non mariée. Pour cette raison, les jeunes couples se retrouvent dans les allées obscures de la cité universitaire. Seul lieu, ou la discrétion n’en est pas une, car la sécurité arpente ces ruelles, dans le cas ou ces flirts abuseraient de leur nouvelle liberté.
Le dernier soir, proposant à Nassima de boire un verre dans le van. Un jeune homme à nos cotés s’interpose à cette proposition, m’expliquant qu’une femme ne peut sortir en présence d’un inconnu. Navrés, nous nous séparons ne pouvant nous dire adieu comme nous l’aurions souhaités. Par un petit signe de la main, nous achevons cette relation tendre et amicale. Nassima, comme toutes les autres filles de la cité devra regagner sa chambre avant minuit, réduit qu’elle partage avec quatre autres filles. Heure à laquelle, les gardiens (soucieux de la sécurité de ces jeunes femmes), passeront pour enchaîner leurs portes d’entrées.
Christophe

samedi 10 février 2007

L'appel de la bougie (*)

Tunis, 10.02.2007

Le Djurdjura, ça a peut-être tilté aux oreilles de nos amis spéléos : avec le goufre Iflis (Léopard) à -1159m (et le fond n'est pas atteint), le goufre Assouil (-980m). Ce "sous-terrain" de jeu a eu son heure de gloire. Curieusement il n'y a ni fédération, ni formation officielle. Et dans le seul club du pays, l'initiation se fait des plus anciens aux plus jeunes, mais le plus ancien c'est souvent le matériel!
En arrivant à Bejaia, nos modestes yeux de grimpeurs se sont arrétés sur une belle paroi scultée d'une soixantaine de mètres qui nous a donné envie de sortir cordes et chaussons. Cette face est justement à coté d'une autre équipée par les spéléos...
Hadjim, l'incontournable, ayant fait les présentations, rendez-vous est pris pour le lendemain.
Là, pendant qu'un groupe installe une école de remontée et les sardines grillées, Hacene, Réda et Hamid nous guident et aident à spiter des relais. L'habileté de Réda dans cet exercice mettent en confiance, mais la confiance les lache un peu quand on engage le rappel avec nos cordes "dynamiques" d'escalade. Avec l'élasticité, c'est un peu redécouvrir la descente et je pense qu'ils apprécient un peu plus les anciennes cordes statiques...
Finalement la ligne repérée n'a pas pu être équipé et le caillou demandait une bonne purge, mais le plus important c'est la générosité et l'ambiance du groupe. alors je vous dis :
Amis spéléos, si ce beau pays vous tente, ou que vous pouvez aider à leur équipement, il n'y a qu'un contact :
http://clubspeleobejaia.webobo.com/
et vous pourrez descendre sereins! (en plus il y a de très bons photographes et ça fait vraiment plaisir...)

(*) Bougie c'est le nom français de Béjaia, encore très utilisé

Guillaume, Christophe et Philippe
Christophe domptant quelques singes sauvages...

Tirage au sort!


Tunis, 10.02.2007

Tizi, avec sa cité étudiante est un peu plus active culturellement. Mais suivre une pièce comique en arabe, même avec de très bons comédiens, c'est pas très marrant! Et il y a des rencontres qui ressemblent à des tragi-comédies. Petit retour en arrière : à Tipassa, Mohamed le facteur nous recommande son ami Mohamed le guide. Mohamed nous a alors présenté Saïd le dentiste, qui nous a alors introduit dans la cité par le biais de son frêre. Et c'est là qu'on rencontre Nourredine... c'est peut-être ça aussi le mektoub, un mélange d'improbable et d'évidence?
Nourredine a réussit, dans la même soirée, à nous présenter son livret de famille, demander à ce qu'on l'inscrive sur un site de rencontres [je censure les détails] et nous démontrer comment remplir son répertoire téléphonique malgré la "retenue institutionalisée" du pays :
"- il faudra que tu nous présentes tes amies, Nourredine...
- bien sûr! donnes-moi un nombre. Il commence à taper sur son portable
- ... euh 81?
- toi, donnes-moi aussi un nombre
- 26 ??
- et toi aussi...
- 01 ????
Tonalité, ça répond, et après 2 minutes d'arabe, il nous passe le téléphone[je censure la suite]"
C'est ça, le "tirage au sort" : il suffit de composer un numéro de téléphone au hasard avec l'indicatif de la région que tu veux. Comme les gens sont plutôt ouverts, la discussion s'engage facilement et plus si affinités... Quand on le comprend, l'éclat de rire est un peu jaune, mais l'enthousiasme du bonhomme efface le coté pathétique de cette pratique.

Guillaume, Christophe et Philippe

Farouk

Tunis, 10.02.2007

Notre route continue, laissant derrière nous, l’immensité et le calme des montagnes. Depuis notre départ nous avançons à saut de puce de contact en contact, ceux-ci créant un lien avec de nouvelles villes.

C’est à Tizi-Ouzou Capital de la Kabylie (grande) que nous tirons le frein à main dAlbert notre vieux van. Saïd notre dernier contact nous a proposé de nous garer au pied de son immeuble. En tant qu’éducateur, il m’a été donné de découvrir par le passé quelques cités françaises bien délabrées ou le désordre et le chaos sont présents à chaque coin de barres. C’est la vision que nous découvrirons le lendemain matin. Le soir de notre arrivée, une poignée de jeunes sortent des halls d’immeubles pour se rassembler autour de notre véhicule. Cette démarche n’est que curiosité non agressive. Saïd notre bienfaiteur est respecté dans le quartier. Rapidement le dialogue s’installe, celui-ci est agréable : « D’où venez vous ? Comment vous trouvez l’Algérie… ». Questions habituelles que nous entendons depuis notre séjour dans ce pays. Leur dialecte me fait pensé à celle que pratique la jeunesse de tous les quartiers pauvres déjà visités. Je vois sortir de l’obscurité un type de taille massive à demi cagoulé. Farouk, un homme de 33 ans qui m’adresse directement la parole. La communication passe bien nous avons un point commun, une certaine connaissance de la Suisse. Cependant à son expression et son regard qui en impose, je devine que cette personne a vécu des évènements peu singuliers dans le passé. Il nous apprendra qu’il a été terroriste, vivant dans le maquis durant 3 années, perdant beaucoup d’amis. Difficile de lui poser des questions trop précises, le macabre ne m’intéresse pas et son passé de guerrier d’Allah m’impressionne fortement. Il nous explique, que pour lui tout cela est du passé, qu’il a bénéficié de la grâce présidentiel résultant du référendum sur l’amnistie des terroristes. Le lendemain nous reverrons Farouk, son discours sera moins agréable et pesant. Il tentera durant ¾ d’heure, de nous convaincre que l’islam est le seul salut pour tout individu souhaitant atteindre la vie éternelle. Je clos le dialogue (monologue) en tentant de lui expliquer que ma position d’agnostique ne peut me permettre de juger.

On peut s’interroger sur les bienfaits de cette amnistie. Combien de personnes comme Farouk rodent dans la nature sans suivi psychologique ? Est-ce qu’une vie aussi longue soit elle puisse t-elle permettre d’oublier les pires atrocités commises. Malgré la promesse d’une bonne place au paradis.

Philippe, Guillaume, Christophe.




Les réveils sur le front de mer (Béjaïa)


Nadjim (Béjaïa)


Le port de Stora

jeudi 8 février 2007

Opération séduction

El Kala, 08-02-2007

Ca y est, l'Algérie c'est presque fini, dans 10kms on est en Tunisie !
Philippe est à la douche, Christophe écoute du jazz cool, je me suis rasé, la couturière a rapiécé mon pantalon, on croise les doigts pour que les douaniers ne démontent pas tout le van...

Les 10 derniers jours ont été riches en rencontres; grace à Nadjim nous avons rencontré pas mal d'étudiants à Béjaia, un club spéléo etc. Nadjim c'était un phénomène: il nous aura bien fait rire en nous présentant tout plein d'algériennes, on aura rit aussi quand (on partant) on apprend qu'il a (dans la même cité U) sa soeur fantôme qu'on ne rencontrera jamais... Mais tout ça on le détaillera un peu plus tard, on file !

A+

Philippe, Christophe et Guillaume

Démographie et corruption

Si je devais définir le peu que je connais de l’Algérie, en quelques mots Je dirais que c’est un grand paradoxe. Manichéisme intransigeant d’une religion et désordre d’une société corrompue. Et pourtant l’algérien est un homme bon, généreux, son accueil est chaleureux. Une phrase nous revient sans cesse : « Soyez les bienvenus », nous qui provenons du pays qui a colonisé pendant 132 ans. A notre air parfois gêné lorsque le sujet est évoqué on nous répond : « Il faut savoir tourner la page ». Quelle leçon !
Mon premier constat fut d’un ordre démographique. L’Algérie est essentiellement peuplée de jeunes. A partir des années 70, les gouvernements successifs ont incité la population à faire des enfants. Ce discours démagogique avait pour motif de repeupler une terre saignée à blanc durant le conflit avec la France. Les chiffres de mortalité de cette période sont variables, mais peu d’études sérieuses ont été faites ou dévoilées. Certains parlent de 1 million et demi de morts d’autres d’un million. Résultat d’une population de 9 millions de personnes à l’indépendance en 1962, l’Algérie compte désormais 35 millions d’habitants. C’est de nos jours un réel problème. Cette démographie galopante est la cause d’un taux de chômage élevé chez les jeunes. Le chômage, dans des proportions élevées, se transforme en misère ouvrant les portes à la délinquance.
Dans l’histoire récente de l’Algérie, il y a ce que l’on nomme ici « la décennie noire ». Terme donné à la guerre civile qui s’est déroulée durant les années 90. Pour le reste du monde ce fut la montée de l’intégrisme dans le pays, seul responsable de 10 années de massacre dans les villes comme dans les villages isolés par les guerriers d’Allah. Pour la majorité des algériens cette guerre fratricide n’est qu’un des avatars d’une poignée de gens au pouvoir à savoir « les généraux » qui se partagent les richesses d’un pays refermant en son sol, pétrole, gaz,or, mercure…Evidemment cette richesse n’est pas redistribuer comme il se doit.
Christophe, Guillaume, Philippe.

lundi 29 janvier 2007

bismillah ... mesdames!

Dans la première couscoussière, elle cuit la semoule, roulée à la main, c'est bien meilleur. Dans la deuxième, les légumes, aujourd'hui fèves et petits poids. Pas trop épicé, ici on préfère les herbes, surtout le coriandre! Pas trop de viande non plus, elle est chère, alors plutôt réservée pour l'Aïd et autres occasions... Mais attention! personne ne meurt de faim, un prix minimal pour les aliments de base (pain, huile, lait, semoule...) est fixé par l'état et il y a toujours quelqu'un pour aider en cas de besoin.
Autour de la table, Lilla nous fait saliver en pelant et pilant les poivrons grillées pour la salade kabyle, on la mangera avec les kesra que Nadia façonne. Ces galettes de semoule avec un peu d'huile - est-ce la cuisson dans la tagine? - c'est par gourmandise qu'on les boulotte en écoutant les femmes...
Et on comprend l'importance de la cuisine pour elles qui passent si discrètement dans la rue. C'est là qu'elles se transmettent les traditions, même si elles sont un peu dépassées, voire cumulées dans le cas de nos hotes kabyles. Et c'est un peu pour nous aussi qu'elles font tous ces plats traditionnels, au quotidien la pomme de terre a souvent détronnée la semoule, et la béchamelle ou le gratin ne sont pas des babarismes ici. Il y a bien longtemps aussi que nos viennoiseries et patisseries d'occidentaux se vendent à coté des patisseries orientales, les deux sont plus ou moins importées mais toujours adorées!

dimanche 28 janvier 2007

Le Djurdjura

Tizi-Ouzou, le 28.01.2007

Notre 2e Hammam fut l’occasion d’une petite sueur froide. L’instant de quelques secondes, j’ai bien eu peur de payer pour les crimes coloniaux français. Les 125kg du masseur s’approchaient de moi avec un grand sourire et, juste à coté, son collègue sautillait gentiment sur le dos de mon voisin. Je commençais presque à me faire une raison. Tout s’est bien passé, et curieusement, il y a peu de rancune pour les années de guerre avec la France. (1954-1962) Les souvenirs sont encore très vifs, toutefois. Ici, une grand-mère avec des morsures de chien sur le bras (ou les stigmates de 14 jours passés en taule, simple interrogatoire au sujet de ses frères maquisards). Ou bien là, un village où il ne reste aucun édifice d’avant guerre (les français ayant pilonné le village au mortier) Ou encore, un village évacué en 2 heures, les habitants partant vivre dans les grottes toutes proches. (hier matin, il faisait 6°C dans le van, nul doute que l’hiver Kabyle a du laisser un bon souvenir à ces villageois) Ou enfin, le mode d’administration et ses relents d’apartheid.
Tous ces témoignages égrènent nos rencontres, sans rancune, avec toutefois un soupir quand vient la question de la reconnaissance. (ou plutôt de la non-reconnaissance de la France) Un soupir que vient attiser un texte sur les « bienfaits de la colonisation ». Cette loi passe pour une provocation de la part de Villepin et ses copains. Officiellement, en Algérie, la guerre a fait 1,5 millions de morts Algériens. Même si le régime du FLN a surestimé trois fois ce nombre, 500 000 morts ça reste un chiffre énorme, surtout pour un pays de 9 millions d’habitants. Hélas, je n'ai (à l'instant) aucun moyen de le vérifier. Pourquoi ce nombre est-il si facilement oublié de nos livres d’histoire ?

Nous voilà donc en Kabylie. Les habitants sont Algériens, mais avant tout Kabyles. Ils parlent donc le berbère, excellente excuse pour immobiliser nos progrès en arabe… Les Berbères étaient là depuis longtemps, puis sont venus les Mauritaniens, les Phéniciens, les Romains, Les Vandales, les Turcs, les Arabes, les Espagnols, les Français. Berbères et Arabes cohabitent maintenant dans le pays, mais les différences restent marquées, et les revendications nombreuses.

La Kabylie, c’est avant tout un pays de montagnes. Le Djurdjura est comme une épine dorsale où Mohamed et Aïssa nous emmènent faire un tour. Les quinquagénaires ont la forme, ici : 1900m de dénivelé et 10h de marche… Certains ne boivent que du vin et du café, décidemment il faudra repenser nos idées préconçues. D’ailleurs, ils avaient encore pleins de bonnes idées : aller voir un lac à 20kms, dormir sous un rocher, descendre dans une grotte etc … Courageusement, on s’est échappé et nous voilà de retour en ville, à Tizi-Ouzou.
A bientôt
Christophe, Philippe et Guillaume.
-----------------------------------------------------------------------------------------------
Toute la petite troupe...
A la montée
Au sommet de la "main du juif"

Sur la route...

La descente vers Timarasse

Retour à Tipassa

Nous somme repassés à Tipaza, cette fois-ci à trois, et voici les premières photos…

Tout d’abord, il y a une stèle en hommage à A.Camus : « Je comprends ici ce qu’on appelle gloire : le droit d’aimer sans mesure ».
Ok, c’est du Camus tout craché, mais peut-être la photo suivante vous donnera-t-elle une idée de l’endroit ? C’est la plage du Matares, avec au fond le Chenoua, une montagne chère à Camus. Le Chenoua c’est aussi (au sens propre) le terrain de chasse de Mohamed-Ali, le postier de Tipassa, et surtout un personnage atypique qui nous aura bien fait rire. Que chasse-t-il ? Le sanglier (si !), et puis aussi bien d’autres choses…
Après tout, c’est surtout les rencontres qui font ce voyage, peut-être pourrions-nous mettre une photo de chaque nouvelle tête ? Il y en a beaucoup, il faudrait un site web, avec une page spéciale...



Pas loin de Tipaza, il y a aussi d’autres ruines : « le tombeau de la chrétienne ». Ok, à première vue ce n’est qu’un gros tas de pierres, mais quand même, il y a un joli mystère autour. Qui a empilé tout ça ? Quand ? Qui est à l’intérieur ? Les turques, sans doute armés d’un main d’œuvre pas chères, on commencé à ôter le dessus, histoire de trouver le trésor. Peine perdue, ils ont abandonné après quelques milliers de tonnes, et il reste encore de visible les colonnes ioniques sur le coté. A peine plus respectueux, Christophe et moi commençons à les grimper, jusqu’à la question de Philippe : « Est-ce bien patrimoine de l’Unesco ?... »
L’ironie de cet empilement, c’est que même les techniques du 21e s restent bien vaines pour en percer le secret. Les méthodes les plus simples sont parfois les meilleures…

mardi 23 janvier 2007

5 jours chez les Guiz

Bonjour à tous, Ce message un peu longuet, c'est d'abord un petit coup de gueule, puis un grand merci à la famille Guiz avec qui nous avons passé 5 jours. Au fil des rencontres, nous nous sommes rendus compte d'une chose: les Algériens ont des liens très forts avec la France. Beaucoup y ont passé quelques années de leur vie, y sont allé rendre visite à des amis, à la famille... Du moins, ça c'est le passé. Aujourd'hui, que d'obstacles pour eux ! Camel est un bon exemple: de nombreuses années passées en France, 2 fils en France, un visa bien difficile à obtenir. Dans des élans humanistes, le consulat de France à Alger ressemble à un bunker. Les conditions d'attribution du visa "tourisme" sont opaques. Les 60 euros de frais sont prélevés quoiqu'il arrive (refus, ou acceptation de la demande). Mais attention, pour 60 euros, pas question de tenir au courrant le clampin algérien. Si le visa lui est refusé, il attendra, puis finira par se résoudre... Nul doute que, pour le consul de France, les fins de mois ne sont guère difficiles. Mais peut-être ignore-t-il que 60 euros, pour un algérien, c'est un peu comme 600 euros pour un français. (la moitié d'un SMIG) Ou plutôt non, il ne l'ignore pas. Magnanime, il a augmenté le prix de 80% ce 1er janvier ! Bien sûr, tous les algériens ne peuvent pas débarquer, bien sûr la France n'est pas infiniment riche, il faut bien contrôler les frontières. Mais quand même ! Est-ce une atteinte aux valeurs républicaines que de respecter un peu la dignité de ces Algériens ?
Mais au fait, où étions nous depuis notre passage à Tipaza ? Tout d'abord, Christophe est arrivé à Alger et nous sommes de nouveau trois. Ensuite, grâce à Taous, nous nous somme arrêté à Rouiba. La famille Guiz nous a pris en charge de A à Z, alimentant nos réflexions sur l'Algérie.
Ici, le mot hospitalité prend tout son sens... La plupart des Algériens sont attentionnés avec nous, nous repartons plus souvent les mains pleines que vides, parfois il faut insister pour payer la note au resto !

A bientôt

Christophe, Philippe et Guillaume


mercredi 17 janvier 2007

H'rira à Tipassa

Salut

Ça y est, nous voilà à Tipasa. Mais que s’est-il passé ces 6 derniers jours ?

On est resté à Oran, et dès le début ça a bien commencé.
« Soyez les bienvenus », est-ce le message que nous attendions du douanier à l'entrée ? Les choses fonctionnent-elles un peu différemment ici ? Ce week-end, les douanes d’Oran organisent une journée « porte ouverte », peut-être est-ce un indice... Et pourtant, bien d'autres accueils sympathiques ont écartés nos doutes. Même la première demande de bakchich s’est finie dans un éclat de rire, sans histoire d'argent.
Pour les bakchich, c’est Abdelkader qui connait tous les prix. Outre nous inviter à notre premier Hammam, une de ses activités c’est le « business ». (le commerce au black) La frontière avec le Maroc est toute proche, et certaines marchandises y sont moins chères. Ah, oui, il faut le rappeler, la frontière est officiellement fermée…

Le seul souci ici c’est de trouver un endroit sûr pour dormir la nuit (avec le van). On a atterri sur un joli belvédère, avec pour voisins des vigiles autant armés que sympathiques. Certains se sont transformés en guides, d’autres en professeurs d’arabes.
Pour l’apprentissage de l’arabe, les surprises continuent. (voir 2 messages plus bas). Parfois, c’est un peu comme Tétris, au lieu d’aligner de droite à gauche les lettres, tu peux en empiler quelques unes si ça t’arranges. Qui a dit facile ?

Les 7h de route aujourd’hui donnaient un peu l’impression de changer de pays, juste l’instant d’un trajet. Ici, il y a comme une nonchalance dans l’air, les choses vont plus doucement, beaucoup de gens traînent dans les rues le soir. Sur la route, par contre, pas question de perdre une seconde. On est loin des discussions sur l’amour, le respect, le Coran (des thèmes pourtant récurrents !).

Tipasa, c’est surtout Camus qui nous a donné envie d’y passer (dans « Noces »).
On attend demain avec impatience !

Philippe et Guillaume



ps : en lisant El Watan, on est tombé sur deux articles intéressants, pour ceux qui ont le temps… http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=58722
http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=57873
ps: les ruines romaines de Tipaza

un mécréant en algérie

L'algérien est généralement très croyant. Les sujets de conversation du croyant sont généralement l'islam. D'ailleurs l'islam recommande au croyant de glorifier Dieu. Après tout, quand les croyants parlent d'islam, c'est généralement pour évoquer le respect. Le croyant est généralement généreux, il traitera l'étranger mieux que lui-même, y compris si le croyant est restaurateur de métier. Et il accueillera l'étranger mieux que ses homologues, même si le croyant est douanier de métier. En plus d'être bon, le prophète est beau et aime la beauté. Ainsi, le croyant est généralement propre et droit puisque son Dieu le regarde. Et finallement le but du croyant est de mériter le paradis. Pour cela son Dieu aidera le croyant, il l'excusera si celui-ci ne peut pas respecter tous les préceptes. Il n'y a pas de repentance puisque le croyant sait que son Dieu le comprendra.
Mais finallement, jusqu'où peuvent aller les écarts?
Puisque la première recommendation du croyant est de se méfier des algériens...

lundi 15 janvier 2007

Makrout et calligraphie

Oran, 15.01.07

salut à tous,

La bonne nouvelle c'est que nos progrès en arabe sont maintenant fulgurant.
Cette langue est merveilleuse. Tenez, par exemple, il n'y pas de voyelles (du moins elle ne sont pas écrites) Essayez de relire la phrase précédente comme ça: "Tns l n' ps d vlls", facile non ?!?
Tout a l'heure il m'a fallu moins de 30 sec pour me rendre compte que je tenais un papier à l'envers, on peut réellement parler de progrès.
Après 3 jours sur l'alphabet, ce soir on attaque la prononciation...

a+

philippe et guillaume

samedi 13 janvier 2007

Turron et bobsleigh

Alicante, 08-01-2007

Les faits commencent le 14 décembre. Par une belle journée d'hiver, Guillaume, Thibault, l'ami cuisto-grimpeur, et Philippe, prennent la route direction l'Andalousie, première étape où serrer le frein à main de leur maison. Derrière, ils laissent leurs amis, les beaux plans d'aménagement du camion, les formalités douanières et autres accessoires comme le chargeur du numérique...

Petite halte chez Max, le photographe libertaire ardéchois, puis le pépé et les amis barcelonnais de Guillaume. Suivent 14h de route pour voir enfin l'Andalousie. Après le Camino del Rei, et quelques étoiles rajoutées sur le topo d'escalade d'El Chorro (merci à Coralie et Hugo), on raccompagne Thibault à l'aéroport de Malaga pour les fêtes de Noël.

Ensuite, direction le cyber pour réserver le bateau pour le Maroc. Et là, le bras de mer qui nous sépare de l'Afrique s'érige en muraille d'eau : 350€ l'aller/retour pour le Maroc et 750 pour aller en Algérie - puisque la frontière entre les 2 est indéfiniment fermée (à l'origine pour appropriation du Sahara occidental, ensuite certaines substances illicites et tout le monde se fache...) Peut-on éthiquement acheter cette liberté? Bref, plus de 1000€ pour 3 ferrys alors que nous on voyage en van, c'est trop!

Symboliquement, on descend à Tarifa, tout au sud de l'Espagne, un pied coté mer, l'autre, coté océan... Et pour la comptabilité, on passera à Gibraltar, une frontière de plus, et la vue sur le Maroc. Mais à ce prix, interdiction de toucher...

Retour à El Chorro. Grimper torse nu et trinquer avec les italiens, les allemandes et les espagnols comme lot de consolation, c'est quand même pas si mal! Feliz año nuevo et retour à Alicante pour le ferry vers Oran. Le brave Albert nous lache la courroie d'alternateur et son extenseur, "la" pièce introuvable dans les casses andalouses ; mais on reste sereins : nous, on a la batterie qui marche au soleil... interdiction d'actionner le démareur quand même. Alors on respecte les traditions locales, samedi on s'est mangé à 2 le roscon (galette à la crême d'1kg de chez Lidl) et 2 paquets de turron, pour les amandes...

Maintenant on attend mardi, espérant récupérer nos visas algériens. Pour l'octroi, le consul a apparement accépté nos fax de réservations au Sheraton! (et les formalités pour les français vers l'Algérie sont pourtant bien plus simples que l'inverse).Alors soyons utopistes, demandons le possible...

Bises à toutes et tous pour la nouvelle année

Philipe et Guillaume

Petit guide de l'utilisateur ?

Oran, 13-01-2007

Bienvenue à toutes et à tous,

Alors Zeitoune, c'est quoi ce nom de blog ?
Bon, rien à voir avec Zidane, même si il y a quand même quelque chose de rond dans l'histoire.

Quand on a essayé de mettre des limites à ce voyage, on s'est dis que les limites de la mediterranée c'est un peu les oliviers. Alors Zeitoune, c'est l'olive en Arabe, زينر ن quoi.... (en esperant que vous avez les polices arabes sur votre ordi)

On vient juste de mettre nos premières lignes en ligne, alors soyez indulgents.
Pour les photos, il y a encore quelques problemes techniques à regler, mais ça devrait venir aussi.

Enfin, pour les titres, on essayera de mettre chaque fois un mot local (un rythme à peine moins soutenu que nos progrès en arabe ?...), et un autre clin d'oeil sur notre vie ici.

Bonne lecture !

Philippe et Guillaume