samedi 26 mai 2007

En Syrie a velo...

Au debut il y avait Albert, notre gros bebe de 3 tonnes, convivial et pratique, mais qui demandait beaucoup d'attentions et nous a finalement coute assez cher. Apres une grande traversee vers l'Est en bus, c'est avec Rucio que j'ai entame le "retour". Rucio vient d'Andalousie, c'est le meilleur ami du citadin mais pour les longues distances il est un peu fatigue. Il y a 3 jours, apres un pneu a plat, c'est la manette de derailleur puis la chaine qui ont casse. Et plus fatiguant que les cotes en pedalant, il y a les cotes en poussant son mulet! Ironiquement, on m'avait vole ma trousse a outils 2 jours plus tot... Pour finir avec les petits malheurs, 2 tendinites aux genous se sont reveillees...
Parce que sinon la Syrie a velo c'est un regal!
Pour la traversee de la Jordanie Rucio me servait surtout a relier les differents sites. La tete dans le guidon "jusqu'au prochain hotel". Pour la Syrie il n'y a pas vraiment de passage oblige, c'est plus buccolique et l'hospitalite est ici une question d'honneur... Surtout, je fais la route avec Jeanne qui, entre autres qualites, se debrouille tres bien en arabe (en dehors des villes, il n'y a pas tellement d'anglophone), c'est plus agreable a deux et je suis aussi moins cantonne dans un univers masculin. Du coup : pas mal de velo et d'arrets chez l'habitant.
L'itineraire qu'on a choisi passe par Bosra, avec ses anciennes maisons de pierres noires et son immense amphitheatre. Pour l'anecdote, on nous avait donne un contact sur place, mais des Oussama Magda il y en a plusieurs, du coup on a tres bien mange et dormi, meme si ca n'etait pas le bon... Ensuite Damas et un crochet par Palmyre (en bus) parcequ'il y avait le festival du desert. Mais on a surtout vu la demonstration de force des militaires : si les spectacles etaient gratuits les autres annees, elles sont maintenant a pres de 50 euros pour tout le monde! La suite passe par Marmousa, un monastere perche dans le desert, l'endroit de recceuillement reve, mais - est-ce l'echauffement de la planete? - du ciel on a surtout vu des trombes d'eau... Legerement a gauche en remontant, le krak des chevaliers, une immense forteresse que les francais voulaient acheter!, et puis la vallee de l'Oronte, avec ses gamins et ses camions qui ramenent les femmes des champs, jusqu'a Alep.
Pour finir, il y a dimanche l'election du president syrien, mais ca fait deja quelques jours que le lion Bachar fete son nouveau mandat. Danses, feux d'artifices, les ecoles defilent en chantant sa grandeur avec leurs professeurs qui sont bien sur tous au parti baas... En fait c'est plutot un referendum entre le camp des resignes et ceux qui adherent au systeme. Pour chercher l'opposition, il faut visiter les prisons, mais, meme avec du temps, on ne peut pas tout visiter...

mardi 1 mai 2007

No stamp please

Nouveau check point, on attend, on avance un peu. Le type a cote de moi avec la valise espere passer, il a reussi a avoir le visa pour la France parce qu'il est pharmacien. Et, alors que de l'autre cote du Jourdain, les Palestiniens revent de revenir chez eux, lui en a marre de cette vie que l'armee israelienne rend impossible. Des barrages fixes ou volants qui au mieux font s'eterniser les trajets, mais le soldat surequipe peut-etre ne voudra pas laisser passer les enfants, ou soupconnera untel d'etre un terroriste, alors il enferme. Il arrive qu'il tue pour se defendre, s'il soupconne... Elle est ou la Terre Sainte?!... Moi je suis un simple touriste, il faut juste rester calme. Pour Jeanne, mon amie grenobloise qui vit dans la region depuis trois mois, l'impatience s'est transformee en haine, surtout depuis qu'elle a vu les conditions d'enfermement, de torture et l'apartheid que les palestiniens subissent au quotidien. Cette Palestine "territoire autonome" ou les israeliens detruisent les batiments et brisent les morals pour grignoter toujours plus de terrain...
Ce barrage est sur la route de Jerusalem, on revient de Naplouse, ou on a suivit une colonie pour jeunes handicapes de differents camps de refugies. D'ailleurs quasi tous les organisateurs ont fait des mois ou des annees de prison. Et on peut se demander qui sont les plus "fous". Des deux cotes, la schizophrenie d'un peuple qui veut la paix mais glorifie le soldat et des nationalismes obsessionnels qui me desesperent (c'est la premiere chose qui frappe en arrivant : la moitie des voitures et des maisons qui arborent le drapeau israelien!). Cote israelien, il y a en plus une paranoia de l'attaque terroriste.
A Jerusalem je loge chez Ibrahim, un homme qui travaille pour la paix et heberge toutes les bonnes volontes. Mais la aussi, le mot de "paix" n'a pas toujours le meme sens. Un couple juif par exemple me fais remarquer que ma carte du pays, avec les limites de la Palestine, est fausse ; et encore que la presence policiere est gage de securite. L'armee est obligatoire, 2 ans pour les filles et 3 pour les garcons, tous en kaki avec le fusil en bandouliere, ca me donne plutot une impression de guerre civile.
On me dira que la critique est facile, et notre election francaise montre encore que l'endoctrinement vaut aussi chez nous... Il y a aussi, dans cette societe, pas mal d'aspects positifs comme la liberte des femmes, la recherche technique ou le concept de kiboutz. Mais apres ce court passage, je ne peux vraiment pas adherer au camp israelien, alors, sur le passeport comme dans la tete : "no stamp please!"

(plusieurs pays arabes refusent l'entree dans leur pays si le visa israelien est appose sur le passeport)

Je vous mets aussi le lien vers blog de Nadia, une francaise rencontree au camp, qui a choisi son camp... : http://nadouche.blogspot.com