samedi 24 mars 2007

Cimetieres vivants

L'Egypte a toujours ete un pays convoite, souvent domine, ou cohabitent des tres riches et des tres pauvres, que ce soit du temps des pharaons, des romains ou des ottomans... A une autre echelle, il y a maintenant le touriste avide qui vient se ruer sur ces vestiges du passe. Mais a cote de ces debauches d'or* de palais ou de tombeau "merveilleux", il y a une misere comme rarement je l'ai ressentie, c'est bien sur accentue par le contraste.
Il y a une zone, qui n'est pas la plus misereuse, mais assez impressionante, qu'on appelle la "cite des morts". Du temps des Mamelouks, en gros au XVe, ils avaient l'habitude d'aller rendre visite et festoyer avec leurs morts au cimetiere. Ils y avaient construit des "pieces" en dur a cote ou autours des tombes. Avec l'expansion de la ville et de la pauvrete, les gens ont commence a s'installer dans ces constructions et il s'est forme un vrai "village" qui grandit avec le cimetiere... c'est assez etonnant de voir les gens qui vivent comme ca, etendent le linge ou prennent le the a cote des tombes. Cette "dead zone" a ete progressivement alimentee en electricite et en eau courante (on peut voir certains "caveaux" avec la parabole dessus...).
L'autre cimetiere, plebiscite par les touristes, c'est les pyramides de Chephren, Kheops et Mykerinos a Giza. Elles ont ete epargnee par l'urbanisation galopante du Caire mais pas par les visiteurs, ca en est etouffant (il faut quand meme leur reconnaitre une certaine endurance a ces groupes qui enchainent les visites a un rythme effrene). Et puis finallement, est-ce l'attente de voir cette derniere Merveille du Monde "vivante", l'habitude des parois verticales (qui me manquent un peu quand meme), mais les 150m de blocs empiles ne sont finallement pas si epoustouflants. J'imagine qu'avec son revetement de granit (pille pour l'edification de la ville) elles devaient rayonner autrement...
Sitot revenu dans la jungle des klaxons du Caire, je suis alle me reposer les tympans vers Alexandrie. Le glorieux passe de capitale romaine, il faut le creer mentalement. Mais, a l'image de la nouvelle bibliotheque, qui fait un gros travail de numerisation des bouquins (www.bibalex.org), les scandinaves ont reussi une belle integration du passe avec un batiment moderne : salles de lecture et stockage en gradins, symbolique du disque solaire et des langues du monde, etc
Meme si je me sens un peu "batard" a cotoyer difficilement les touristes et les locaux, je remets ca demain avec Louxor...

*Le musee fait un peu amoncellement de pieces, et puis au moindre coin touristique c'est un racket...

Methode de langue?

Connaissez-vous Henriette Walter? Elle nous apprend, d'une facon ludique, l'influence de l'arabe et d'autres dialectes barbares sur le francais (et inversement).
Par hasard (la, c'est de haz-zahr, le jeu de de), je vois que mon but serait, en arabe, de faire un safari, qui veut dire "bon voyage". Ironiquement d'ailleurs, vu l'intolerance de certaines, c'est le meme mot pour designer l'ambassade et pour voyager : safaraa... De meme pour la douane qui, a l'origine vient simplement de "diwan" (le registre).
Treve de nostalgie, pour aller au bled (=le pays), il faut aussi du flouze (l'argent) - ce qui limite le nombre de voyageurs mesquins (de miskin=pauvre) - et puis, en ces terres pieuses, un chouaya de baraka (qui est, en arabe, la benediction).
Dans la grande comptabilite des mots, il y a les chiffres arabes (le sifr est lui meme le zero), qui ont apporte l'algebre et le calibre, mais aussi la chimie, l'alchimie, l'elixir et meme l'alcool...
On peut y ajouter, dans ce souk des mots, les abricots, epinards et artichauds, le mechoui (=grille) ou la moussaka (=qui est froid), le sorbet (charab c'est la boisson) ou le kawa, mais le plus beau, c'est le loukoum, qui viendrait de l'expression "bien etre du gosier".
Obligation religieuse(?) la nouba (nuba) c'etait a tour de role... pour danser devant les officiers. Et, plus marrant, le matelas vient de matrah : jete a terre...
Et oui, le sens a souvent bien change, tiens : la matraque, c'est le marteau, le taliban (de talib) c'est l'etudiant et le zouave, vient des zwawa, une tribu kabyle. Il y a meme de quoi devenir fou (de fil=l'elephant!) quand on voit que c'est de l'arabe que vient le hashish (=l'herbe) et chercher le roi (al chah) nous conduit a l'echec!
Plutot que d'aller voir un toubib, il vaut mieux se contenter d'un charabia (al gharbiya : celle de l'ouest), d'un simple pataouete (facon de parler des francais d'Algerie, ca vient de "bab-el-oued")

dimanche 18 mars 2007

La ruee vers l'Est

Depart "a l'arrache" de Libye, est-ce pour quitter sans regret ceux qu'on a apprecie? merci encore pour ce sejour...
Et meme si visiblement le consulat pouvait aider a prolonger mon visa, j'ai prefere laisser les cites greques de cyrenaique et leur belles histoires... Apres un gros "forcing" de 26h par notre chauffeur pour faire les 2200km entre les 2 capitales (merci aux libyens qui m'ont bien aide pour le visa a la frontiere), on debarque dans cette megapole grouillonnante qu'est Le Caire.
La premiere surprise c'est les hotels qui refusent les touristes... Apparement le tourisme d'ici doit avoir un certain standing puisque le gouvernement interdit aux petits hotels economiques de louer aux etrangers...
Meme s'il y a toujours moyen d'en trouver un plus complaisant, Hanni, un egyptien rencontre en Tunisie, m'a finalement arrange un appartement et plus encore...

la main verte

37 ans qu'il est en place, c'est placarde partout... Comme en Tunisie, la figure protectrice de Kadhafi est la. Pas que son portrait, le vert de l'islam couvre les batiments, son drapeau les relie a la rue... Des sa prise de pouvoir, le but etait de mettre en place un panarabisme nasserien et lutter contre la domination occidentale (expropriations, interdiction de l'alphabet et la musique occidentale, reislamisation...). En 73, il donne au monde sa vision du socialisme dans le livre vert en 3 parties (politique, economique et sociale). Et, comme souvent en theorie, il y a de bonnes idees.
Il pronne d'abord une democratie participatoire basee sur des comites et congres populaires. ils sont en place mais ne decident pas le budget, surtout pas les revenus du petrole. Et en rejettant la "dictature sous des apparences de democratie" que represente l'election a 51% des voies, il evacue de fait toute opposition politique.
Un autre grand concept est sa vision materialiste : "la terre n'est la propriete de personne" et surtout "la maison appartient a celui qui l'habite", et oui, c'est le squatt legalise! ca empeche d'avoir plus d'une propriete et aussi la location. Les etrangers qui, bien sur, ne font pas partie de cette societe jamahirienne ne sont pas concernes. Et pourtant les etrangers representent 40 a 50% de la population active (un autre slogan enonce "associes et non salaries"). Parce que, s'il n'y a quasiment pas d'analphabete, les centres de formation et ecoles de haute technologie sont aussi inexistantes. Mais quand le petrole est cher, le pays est riche... et le guide sait recompenser ses fideles... (un grand nombre de libyens inactifs peut en fait vivre des revenus d'un petit commerce offert par exemple).
Enfin s'il soutient les opprimes, le droit et la liberte, les femmes, les sciences et les arts... s'il rejette la guerre et l'industrie de l'armement, c'est en temps de paix. L'entrainement pour l'armee civile concerne aussi tout le monde...

(le texte integral est bien sur telechargeable, pas sa realite)

mercredi 14 mars 2007

Les facéties d'Albert

Chiomonte, 12.03.2007


Me voici presque à Grenoble. Partir en van, était-ce une bonne idée ? A l'instant où j'écris ces lignes, c'est grâce à Abert que je suis coincé dans une petite vallée italienne, et la question se pose tout naturellement...


La dernière saute d'humeur d'Albert (du moins « la plus récente ») fut pour le moins originale: il a éjecté une petite boule de feu, enflammant le champ longeant la route. (2 camions de pompier pour éteindre le feu !) Une fois à l'arret, les flamèches sous le capot m'ont convaincues d'y mettre un petit coup d'extincteur. Si l'on oublie les 110€ que coûtent la pièce de rechange, l'arret forcé est plutôt plaisant: ici les gens parlent français, les capuccino y sont de vraies oeuvres d'art, et le cadre est sympathique.


Mais quand même, tous ces efforts sur le van en valent-ils la peine ? Peut-être que Philippe, sur son vélo, est plus à même que moi de répondre à cette question...
Une chose est sûre, tant qu'à acheter un vieux fourgon, mieux vaut éviter de prendre un Boxer ! Les accessoires y cassent les uns après les autres (le moteur semble, lui, plus robuste)
Le van en devient-il une fin plus qu'un moyen ? Pas exactement, les 10 meilleurs jours en Tunisie étaient à Grombalia, où je ne serais jamais allé s'il ne fallait répeindre le fourgon ! Le van reste (je crois) un bon concept pour voyager, reste à connaître les contraintes mécaniques et les contigences matérielles sources de dissention (6 m² seulement!) . Dans tous les cas, il ne faut pas voir le van comme une voiture mobile, mais plus comme une tente que tu plantes pour quelques jours.


Acheter un fourgon tout aménagé aurait peut-être été une bonne idée...
Il n'empêche, «Le moyen fait partie de la vérité, aussi bien que le résultat. Il faut que la recherche de la vérité soit elle même vraie, c'est la vérité déployée, dont les membres épars se réunissent dans le résultat». (Marx).


Trek salam !


Guillaume.

lundi 12 mars 2007

Aller simple Tunis-Tripoli ...

Petite pensée émue pour les étudiants. Hé! Elyès, Hichem, Wajih, Dali, Moddher, Issam, Bachir et tous les autres... bonne chance pour vos projets! E Hasta la vitoria!
Petit regret aussi d'avoir "manqué" le désert, mais là c'est partie remise...
A Tripoli, l'arrivée est plutôt austère, heureusement l'acceuil du consulat (merci Florent), puis à l'Ecole Française m'ont réconciliés avec les français (entre la négation historique en Algérie et le manque d'ouverture en Tunisie, je n'étais pas trop fièr).
Philippe et Dominique, qui m'accueillent ici, ont rejeté la monotonie de la vie grâce à l'expatriation... Ils recherchent la stabilité dans le mouvement, accompagnés depuis 6 ans par Lory le fiston fougueux mais brillant...
Et Tripoli, question stabilité, c'est pas l'endroit le plus facile. Depuis 2003 et la levée de l'embargo onusien, ça change tous les jours. Déjà avant, la capitale était un pôle d'attraction pour pas mal de pays frontaliers, subsahariens et même asiatiques (la levée de l'embargo a d'ailleurs réduit cette migration pour que la Libye ne soit pas le nouveau Gibraltar). Ce mélange, entre ouverture et protectionnisme, on le ressent bien sûr dans la langue, tout est écrit en arabe et peu de gens parlent anglais (moi y compris). Mais pour ceux qui vivent ici, il y a bien d'autres contraintes, par exemple l'interdiction d'être propriétaire que ce soit d'un commerce ou d'un logement, certains commerces sont réservés aux libyens et presque anecdotiquement, il y a des castes pour les voitures : plaques rouges, noires, jaunes, blanches, carré bleu, ... dis-moi avec quoi tu roules, je te dirai qui tu es ...
Insidieusement, on reste dans sa case, c'est vraiment frustrant en ville, celle de la Mission Laïque française n'est pas trop mal. Cette association enseigne le français à l'élite francophone dans le monde. Dans les classes, il peut y avoir 10 à 15 nationalités pour 20 à 25 élèves! C'est étonnant de voir comment même chez les plus jeunes, il existe des ségrégations.
Philippe a une classe de CM2 , comme pour ce voyage on voulait aussi intervenir dans les écoles, il m'a proposé de leur faire un peu de cours de dessin, sur la perspective et les volumes. Et c'était bien réjouissant de voir les enfants studieux qui remercient à la fin et demandent même des devoirs! Et puis se faire appeler maître, ça titille son égo...

vendredi 9 mars 2007

Entrée des artistes

Entrez! Entrez! Venez voir l'Exposition Coca-cola! Regardez ces Couleurs éclatantes, ces Scultures de matériaux recyclés... Il y a là parmi les meilleurs élèves de l'Ecole des Beaux-arts de la Capitale! les Journalistes amis sont là aussi! ils vous semblent perdus? normal c'est de la presse économique! Tenez prenez une canette... Ecoutez ces beaux discours remplis de bonnes intentions altruistes... Et surtout, Mesdames et Messieurs, admirez les magnifiques récompenses : ces grosses boîtes, ce sont des postes radios! mais si! avec le logo Coca-cola dessus...
Bien sûr, les étudiants ne sont pas dupes de ce cirque (certains avaient refusé le projet). La question du jour c'est : est-ce qu'ils pourront revendre ce truc inutile? Et chercher à contacter la firme pour les encourager à plus de réalisme, c'est un peu lancer une bouteille à la mer.
Mais si le "sponsoring" privé ça ne marche pas trop, il ne faut pas compter non plus sur la générosité du ministère. Les étudiants ont bien tenté la grève dernièrement, terminée par des belles promesses. Mais même leur formation n'est sanctionnée que par une attestation de réussite, le système LMD qui va être mis en place n'arrange en rien.
Pour l'anecdote, c'est dans un ancien hôpital psychiatrique qu'a été installée l'école. Et pour les travaux de restauration, ça fait des mois qu'ils ont commencé... par le grand portail d'entrée et les pavés de la cour!
Pourtant ce ne sont pas les idées qui manquent, redécouvrir les musiques traditionnelles du Maghreb ou les mouvements actuels réprimés, ouvrir un ciné-club ou inviter des artistes. Quand il faut des moyens, le projet a peu de chances d'aboutir. Parce que coté "travaux pratiques", l'art tunisien s'anonce plutôt à base de collages, de photogramme (tirage photo sans appareil ni pellicule) et autres "bricolage".
Et pour être plus optimiste, l'étudiant peut soit espérer quitter le pays, soit se dire que dans l'enceinte de l'université la liberté est bien plus grande qu'une fois sorti.

samedi 3 mars 2007

fast food local

Allé, un petit dernier pour aujourd'hui, une recette simple, locale (1), et de saison. Ca s'appelle le lablabi :
- Commencer par cuire les pois chiches (2) avec du sel et de l'ail si vous aimez, c'est 30 minutes je crois s'ils ont trempé la nuit.
- Emmiéter un bon morceau de pain (3) dans le bol. Dans l'épicerie, on prend plutôt le gros, rond, et à laisser sécher un peu.
- Verser du jus de cuisson, avec une petite louche des légumes, pour couvrir le pain.
- Ajouter la cuillère à café de harissa (4), la cc de cumin (selon le goût mais c'est ça qui donne sa saveur), le petit verre d'huile d'olive (par personne!) (5), et l'oeuf (6), en général cru, mais il n'est pas indispensable.
- bien touiller avec 2 cuillères, c'est plus une bouillie bien épaisse qu'une soupe, mais ça cale et c'est bon.
Bon app'

(1) ok, le pois chiche est "localement" autours de la Méditerranée, d'ailleurs elle me rappelle une bonne soupe portugaise de mon enfance.
(2) mais si c'est bien le pois chiche, c'est plein de fibres, des protéines végétales, vitamines, minéraux, c'est pauvre en graisse et sans cholestérol... en plus ça fait un plat végétarien et pas cher!
(3) En Tunisie, on mange du pain en quantité industrielle. Il remplace même la fourchette pour salades, plats en sauce...
(4) La harissa est le deuxième ingrédient de base en Tunisie
(5) L'huile d'olive est le troisième impondérable, la consommation moyenne doit être autours de 100L par an pour une famille...
(6) Vu la consommation d'oeufs, les diététiciens tunisiens ont du travail en perspective.

j-3

salut à tous, enfin! dans 1h je retourne au consulat de Libye pour récupérer mon visa.
La prochaine étape c'est donc pour mardi vers la Libye, avec mon vélo (sur le bus pour le moment) et un petit sac à dos...
En fait le consulat à Tunis ne veut pas donner de visa touristique aux non-résidents (et comme les tunisiens n'en ont pas besoin, ça doit pas leur faire des grosses journées).
Par contre le visa de transit est plus facile à avoir. Il accorde 1 semaine pour traverser le pays, ne nécessite pas l'invitation si précieuse (ou les frais d'agence avec guide le imposé, qu'il faut bien sûr nourrir et loger). Bref, avec une demande écrite en arabe, 31 dinars, et 10 jours de réflexion, en ce moment c'est possible. Le robinet est quand même plus ou moins fermé, suivant la période, l'humeur du consul, le moyen de déplacement...

2 cartes postales

Sur la carte de Tunisie, la voie ferrée s'arrête à Gabès, il y a aussi des palmeraies dessinées...
La palmeraie, c'est un peu comme sur les cartes postales, une forêt de palmiers filtre le soleil sur des parcelles d'arbres fruitiers, le tout irrigué par un savant réseau de rigoles.
A Chénini, c'est plutôt la "post"-carte.
Les dizaines de sources sont taries, l'eau est maintenant pompée et rationnée (1 jour par mois!). Du coup, ils sont passés du bananier, au grenadier, au fourrage... Même les dattes ne sont plus fécondées et récoltées, la faute aux tartines beurrées du matin il paraît, et la deglet nour d'Algérie, qui est quand même la meilleure, ne pousse pas ici en bord de mer. En regardant en l'air (l'autre oeil vers le bas pour ne pas écraser les précieuses plantes à henné), on voit aussi des tristes palmiers qu'on a étété et puis taillé le coeur en pointe. Des gars plutôt discrets récupèrent le jus dans de gros bidons, c'est le legmi, un genre de sirop avec un goût qui rappelle la noix de coco. Il faut le boire frais, mais en fait s'il est interdit de le laisser fermenter (il paraît que ça fait tourner la tête) c'est surtout pour limiter ces "saignées" qui peuvent tuer la plante.
A Gabès, une autre distraction locale "discrète", c'est le bordel.
En rentrant avec 3 jeunes de 15 à 18 ans pour chercher l'hotel le moins cher du coin, comme ils semblaient pas trop compter sur leur parents pour le déjeuner, je leur propose de m'accompagner, et après, spontanément, ils me sortent "ça va, ça fera 45 dinars pour les 4 au bordel...". Les maisons closes sont tolérées dans plusieurs villes de Tunisie mais apparement on ferme aussi les yeux sur l'âge du client! (ils ont déjà tous pratiqué, au "sacrifice" de quelques matériels scolaire).
Sur la carte de Tunisie, il y a aussi les îles de Kerkennah, et à mes oreilles ça évoque surtout le jazz de Pascal qui manque un peu de ce coté de la mer (et je crains que la définition de Soumia soit plutôt répandue : "le jazz? c'est la musique des cowboys, non?").
Un curieux hasard m'a mis sur le même bac que ce japonais de l'auberge de Tunis qui passait ses journées à peindre la médina à l'aquarelle. Shigéo est un bouddhiste, plutôt zen, il part avec ses 3 mots de français, sa sacoche photo de 8kg et sa brosse à dent à la découverte du pays. Et dans sa tête il doit y avoir la carte de l'extrème orient au maghreb et il est en train de cocher tous les pays... C'est peut-être ça aussi qui l'a décidé, à 45 ans, à arréter son travail d'architecte, écoeuré par les grattes-ciel et la croissance japonaise.
Et Kerkennah c'est bien aux antipodes de Tokyo : 2 plate-bandes couvertes de palmiers sauvages où les pécheurs, entre le café et le terrain de pétanque, t'invitent à les accompagner sur leur petite barque. Même la technique est sympathique : ils plantent des feuilles de palmier dans la mer pour guider le poisson vers les nasses prisonnières... Bon, là encore ça fait carte postale et pour trouver le paradis annoncé, il vaut mieux revenir cet été : à 7h du matin, avec le vent qu'il y a, le repos je le préfère quand même dans mon lit...